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OKAAAAY *remonte ses manches* Maintenant on parle ! Et comment ça, « un » ? Ah oui, je comprends, « un par catégorie », d’accord ! Dans ce cas je ne perds pas de temps en introduction parce que ça va être un peu long. Hop hop, que je suis primesautière, n’est-ce pas.
Catégorie « Livre pour enfant » : Le premier chien, de Jean-Luc Dejean.
Je commence là parce que c’est sans doute le premier roman qui m’ait fait découvrir à quel point la lecture peut nous plonger dans un monde intérieur aussi riche (et même bien plus) qu’un film ou une série. L’action se déroule durant la préhistoire, et on y rencontre Asak, un jeune homme séparé de sa tribu. Alors qu’il tente de survivre et apprend à se débrouiller dans le monde sauvage, il va rencontrer une petite famille de chacals et, doucement, se lancer dans un long processus d’apprivoisement de ces créatures.
J’ai lu ce livre quand j’avais 7 ans, et j’en ai gardé un souvenir impérissable. Parfois triste, jamais naïf sur les difficultés de compréhension entre l’humain et l’animal, c’est un texte qui a fait pleurer la petite moi mais qui a façonné mon rapport aux animaux. Ne rien imposer, ne rien supposer, laisser venir et essayer de comprendre. Un très beau roman. Si vous avez des enfants, je le conseille chaudement !
Catégorie « Colère » : Sambre, d’Alice Géraud.
Comme son titre l’indique plus ou moins, le livre relate l’enquête autour de l’agresseur appelé « le violeur de la Sambre », depuis les années 80 à son arrestation, dramatiquement récente. Vous l’aurez compris, ça n’est pas une fiction.
Le livre est très bien écrit, et sans aucun voyeurisme. On sent la volonté d’Alice Géraud de ne pas rajouter du trauma au trauma, ce qui est une très bonne ligne directrice. La colère n’est donc pas causée par le texte en lui-même mais par ce qu’il dépeint : les manquements répétés, longuement, parfois par les mêmes personnes, du côté de la police. Certains passages m’ont donné envie de fracasser des crânes, je ne vais pas vous mentir. Notamment quand une ado est interrogée comme une criminelle pendant des heures parce que, allez savoir pourquoi, les policiers ont décidé qu’elle mentait. Mais ça n’est qu’un minuscule exemple de ce que la police locale à fait subir aux victimes pendant de trop longues années…
Une lecture édifiante (bien que frustrante) sur un système qui maltraite les victimes, du dépôt de plainte jusqu’au jugement, de la police jusqu’au tribunal. Et bien évidemment : ACAB, comme toujours.
Catégorie « Chelou » : Le livre du désert, de Theo Clare.
Il m’arrive, je ne le cache pas, d’aimer lire des trucs un peu borderline dégueu. Non, pas dans le sens porno, mais dans le sens gore. C’est comme ça que j’ai découvert celle qui se faisait appeler Mo Hayder, en lisant « Tokyo ». Ce livre m’a tenue en haleine de bout en bout, c’était une petite plongée dans l’horreur, d’ailleurs j’ai tellement aimé que j’ai acheté le livre après l’avoir lu, alors hein. Mais ça n’est pas de ce livre que je vous parle, n’est-ce pas ? Theo Clare est un autre pseudo de cette même autrice, dont le seul livre sous ce nom (car elle est hélas décédée peu après sa sortie) est donc « le livre du désert ». Et ce livre est très, très difficile à résumer. Déjà, il faut savoir avant d’aller plus loin qu’il devait être le premier d’une trilogie. Hélas, la fin de ce premier volume est la seule que nous auront. Et rien que ça, je dois dire que ça me rend triste.
Mais bref. L’histoire suit deux lignes différentes : la première concerne une jeune fille, victime d’hallucination, qui rencontre bientôt un homme qui souffre de la même chose qu’elle. L’autre suit un groupe de treize personnes, perdues dans un désert incompréhensible et à la recherche d’une chose inconnue. Iels sont également menacés par des créatures très étranges qui circulent la nuit…
Le livre, encore une fois, ne se termine pas vraiment. Il n’est également pas parfait (la ligne « réaliste » est un peu faiblarde, et peut-être que tout aurait été plus intéressant si elle avait eu l’occasion de s’étoffer… Snif.)
Mais ce désert. Ces créatures. Les règles étranges. Tout ça m’a embarqué tellement LOIN. La tension est permanente pour le petit groupe des treize, et les créatures sont proprement terrifiantes. J’ai rarement peur en lisant, et je dois bien dire que certains passages m’ont mise vraiment mal à l’aise. On reconnait aussi la patte de l’autrice de gore dans certains passages, mais juste ce qu’il faut quand il faut.
Ce monde ne vous épargne rien, ne vous guide pas… Pour me permettre une analogie vidéoludique, il a un petit côté « dark souls » dans son refus de vous raconter sa propre histoire. Mais son austérité ne le rend que plus fascinant… Je ne peux pas dire que j’aime ce livre, c’est autre chose. Il est venu me chercher dans un endroit de mon esprit que je ne connaissais pas.
Catégorie « Chialade » : Deux milliards de battement de cœur, de Genki Kawamura.
(Parfois titré « Et si les chats disparaissaient du monde », ce qui est un titre très descriptif mais que j’aime moins.)
Vous apprenez que votre mort est très proche. Pas cool. Mais on vous propose un pacte. Cool ! Un petit bonus d’espérance de vie contre une chose qui disparait de la Terre. On peut se passer d’un tas de choses, après tout. Mais… Faut pas déconner. Il y a des limites.
Je n’aime pas trop les romans sur les animaux. Oui, je sais, ça contredit le premier point de cette liste mais j’ai grandi depuis, oké. Ils meurent trop souvent, et ça me rend trop triste. Je ne sais pas pourquoi j’ai lu celui-ci. Peut-être parce que j’ai saisi son humour et sa fausse légèreté assez vite, j’ai donc voulu lui faire confiance. Et j’ai bien fait. C’est un roman plutôt court, qui se lit vite, mais qui nous laisse le temps de nous poser tout un tas de questions existentielles. Le texte est simple, le style parfois un peu plat (peut-être à cause de la traduction), mais il m’a accompagné dans mes nombreuses réflexions. Et, souvent, il a provoqué de multiples émotions simultanément. Je ne dirais pas que c’est un roman triste, vraiment pas. Mais il sait remuer nos regrets et nous rappeler les multiples formes de l’amour.
Bien évidemment, le postulat de départ est ridicule : qui accepterait d’échanger quelques heures de vie contre la disparition des chats ? Car, comme nous le dit Genki Kawamura, « Ce ne sont pas les chats qui ont besoin de nous, mais bien l’inverse. »
Catégorie « Chialade (de rire) » : Un petit boulot, de Iain Levison
C’est le premier livre que j’ai lu de Iain Levison, et j’ai accroché immédiatement. Pour une fois, je vais directement vous laisser avec la 4ème de couv’ : « Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l’unique usine, délocalisée au Mexique. Jake Skowran a non seulement perdu son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie, partie vers des cieux plus cléments… Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n’importe quel « petit boulot », y compris celui que Ken Gardocki, bookmaker mafieux, lui propose: tuer sa femme. Avec sérieux et application, il s’attelle à son nouveau travail… »
Le texte est très court, j’ai vraiment peur de trop en dire. Mais si tout cela vous semble bien triste et sérieux, sachez que c’est à la fois vrai et absolument pas : j’ai beaucoup rit, malgré cette misère noire que Iain nous montre (et qu’on peut parfois comprendre intimement). Et c’est pas si simple, de me faire rire. Par ailleurs, il faut bien dire qu’on ne peut qu’approuver certains passages, de façon tout à fait sérieuse : « Les hôpitaux ferment, les restaurants ferment, même les soldeurs ferment. Pourquoi les postes de police restent-ils ouverts ? Le besoin de punir la populace locale est visiblement plus important que celui de la soigner, la nourrir et l’habiller. » Partout la même merde, hein.
Catégorie « Chialade (documentaire) » : How animals grieve, de Barbara J. King
Malheureusement, je crois que ce livre n’est disponible qu’en anglais. Il s’agit d’un essai sur le deuil chez les animaux, avec de nombreux exemples documentés dans plusieurs espèces.
Bien entendu, les gens un peu sensibles ou trop empathiques vont passer un mauvais moment (ayons le nez rouge toustes ensemble !), mais c’est vraiment un document fascinant. Il a maintenant 10 ans, je suppose qu’on en a appris encore plus sur ce sujet entre temps, mais c’est vraiment un livre à mettre entre les mains des gens qui se sentent tellement différents (pour ne pas dire supérieurs) aux autres espèces, sous prétexte que « nous, on ressent la tristesse ». Certes, on la ressent, mais quelle audace de décider que les autres espèces en sont incapables. On a déjà du mal à comprendre les autres personnes, et on pense pouvoir comprendre les émotions d’une espèce totalement différente ? Allons bon. Un peu d’humilité. Ce livre parle donc du deuil des animaux par de multiples exemples, ce qui pourra encore une fois vous briser le cœur mais le texte reste sobre et scientifique, ça n’est pas un crève-cœur volontaire. Tristou mais passionnant.
BON ALLEZ. Stop. Je pourrais continuer loooongtemps, mais j’ai déjà largement dérivé depuis la question de départ. Et si vous voulez savoir ce que je suis en train de lire, vous pouvez aller mater ça sur mon compte Storygraph, je le tiens à jour depuis quelques années (enfin non, j’ai eu un compte Goodreads et j’ai tout transféré là par la suite, ça va, hein, on peut prendre des raccourcis sans se faire juger ou bien ?). Je (re)lis parfois des trucs un peu bizarre, il ne faut pas se formaliser. De toute façon je suis un peu une affamée de lecture, même si mon rythme s’est pas mal ralenti ces dernières années, alors ça part facilement dans tous les sens.
J’espère en tout cas vous avoir fait découvrir un livre ou deux, et merci d’avoir pris le temps de lire cet interminable pavé !
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