(Désolée.)
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On reparle un peu de BS en ce moment, entre les problèmes d’inscriptions de personnes horribles (surtout transphobes) qui amènent dans leur sillage une palanquée de comptes tout aussi dégueulasses, ou les projets de comptes payants, ou encore les liens avec le monde de la crypto… Il y a beaucoup à dire sur tous ces points.
Je ne suis pas compétente sur ces sujets, alors je laisse des personnes plus informées que moi en parler. Par contre, j’ai envie de revenir sur ma maigre expérience, maigre pour des raisons que je vais expliciter. J’en avais un peu parlé ici et là, quelques pouets un peu agacés, mais c’est peut-être pas mal de mettre ça en forme.
Vous l’avez compris, je n’ai pas accroché et je peine à y poster quelque chose de temps en temps (ben oui, je crache dans la soupe mais j’ai un compte, évidemment). Il y a des raisons simples à ça, et la principale est : c’est un réseau constitué quasi exclusivement de personnes qui se sont senties obligées de fuir Twitter (sans avoir le choix). Le fediverse existait déjà, avait déjà une base utilisateurices, un mode de fonctionnement. Quelque part, je me dis que le plus gros clash culturel vient de là : des gens qui ne voulaient pas partir mais y ont été contraints (par la pression populaire ou par conviction morale), et les choix qui leur ont été offerts ont été : « tu veux être l’adameve d’un nouveau monde, baby ? » ou arriver sur un réseau déjà construit, avec des règles tacites (et quelques personnes reloues qui ont un peu trop forcé sur les règles de bonne conduite, on ne peut pas le nier non plus, l’accueil a parfois été froid). Et je comprends qu’on ait envie de participer à une nouvelle aventure depuis le début, c’est totalement humain.
Le plus simple, pour ces gens, étaient de créer un miroir de Twitter, et dans un sens c’est ce qu’il s’est produit : toute l’évolution du réseau, en version très accélérée. Au début, il y avait les « cook kidz », d’autant que pour avoir un compte il fallait obtenir un code. Alors ces codes ont commencé à circuler entre personnes de « bonne moralité » (il y avait au moins cette volonté de rester entre gens de gauche, même si c’était un peu la gauche socdem). La petite bourgeoisie (qui boiiit du champaaaagne) Twittienne est donc arrivée avec comme volonté de recréer le vieux Twitter. Pendant des jours, tout n’était que memes. C’était forcé, c’était relou, il FALLAIT faire des memes, montrer qu’on était si bieeeeen ici. Limite c’était la contre-culture, et holala… C’est vite devenu absurde et insupportable. Calés entre les memes, des clashs contre les utilisateurices du fediverse, les geeks avec un balais dans le cul, tout ça. Très peu on essayé de découvrir réellement ce monde (et je pense que la plupart des gens qui ont vraiment essayé sont restés, parce que l’ambiance est un pansement pour nos âmes soumises jusque là à un réseau structurellement violent).
Donc ouais, première impression d’être coincée entre les gens cools et leur cour, et si t’es pas dans le délire c’est pas la peine de tenter de trouver ta place. Attention, je ne dis pas que c’est une vérité objective, hein, mais c’était mon ressenti. Du coup, j’ai pas insisté. J’ai jamais été dans la course à la popularité, flemme immense.
Récemment, avec la nouvelle vague d’inscription, j’ai voulu y retourner parce que quelques personnes me manquent (surtout une, ouin). Et j’ai trouvé que c’était encore pire : les memes ont disparu (ou alors sont en quantité plus raisonnable et naturelle, c’est déjà ça), évidemment il reste les traditionnelles vannes contre les utilisateurice « de Mastodon » (un jour, vraiment, faudrait comprendre que le fedi est bien plus grand que ça…), et les messages étaient dans une extrême majorité : « j’avais tant de followers sur Twitter, faites monter mon compteur ! ». Sérieusement… Je comprends qu’on ait besoin d’audience, je comprends que ça soit aussi un critère pour motiver d’autres personnes à quitter le réseau de la mort, vraiment hein, je ne suis pas naïve. Mais c’est tellement… Inélégant. Il faut aller VITE, brûler les étapes, aller directement au principal : le nombre de followers. Et surtout, y aller sans penser que la population est moindre, et qu’il est très peu probable de retrouver le même chiffre avant un bon moment. C’est pas moi qui ait inventé les mathématiques (sinon, croyez-bien que ça serait MOINS CHIANT) (pardon).
Personnellement, ça n’est pas ce que j’attends d’un réseau. J’attends d’y nouer des liens, mêmes ténus, avec des gens que je trouve sympas/intéressants. J’attends d’y donner et recevoir de la bienveillance, des conseils si demandés, de l’amusement parce qu’il y en a grand besoin. J’attends de pouvoir y partager mes créations et de voir celles des autres, de partager ce qui me plait et de découvrir ce qui vous plait. Je ne suis pas la meilleure niveau interactions directes, alors imaginez que quand je like c’est l’équivalent d’une déclaration d’amitié avec offrande d’une bague en bonbon pour sceller le pacte.
Le nombre de followers ne devrait pas avoir une telle importance. Si il en a, c’est qu’on est là encore dans une logique capitaliste et productiviste : on imagine que chaque followers est un porte-monnaie en puissance qui va pouvoir nous acheter quelque chose, faire un don à notre média, ou que sais-je. C’est pour ça qu’il en faut PLUSSE. Et c’est une course épuisante qui mène dans le mur, si vous voulez mon avis. En étant juste présent.e, en partageant, en faisant vivre le réseau, je pense qu’on a un meilleur résultat à tous les niveaux. Même en étant bassement pragmatique, quand je me place en position de « cliente » (quel que soit le produit, artistique ou informationnel ou autre) je sais que j’ai bien plus envie de participer quand je sens de la passion, de l’envie de partager, l’envie aussi de toucher son public et d’en être proche. Mais me dire « il me manque tant sur le chiffre attendu », pardon mais QUI ça peut motiver ? A part gratter une zone de culpabilisation qui va pousser les gens à s’inscrire par pitié, ou de jouer à qui à la plus longue en comparaison avec Twitter, et aucune de ces raisons ne me semble super saine.
C’est peut-être aussi une forme de vanité, j’en sais rien. Dans une société qui fait tout pour rompre les liens humains, j’ai pas envie d’être juste un +1 anonyme dans un compteur. Et je ne traite jamais les gens qui décident de me suivre de cette manière. Même envers les gens qui ne m’ont jamais adressé la parole, je me dis simplement « on est pareils, on a du mal à parler aux autres, mais c’est cool ! ». C’est sûr que c’est plus simple quand on est petit, je ne serais peut-être pas aussi à l’aise avec 3000 followers, ou 30 000, ou 300 000 ! A un moment, à part les personnes avec qui tu interagis activement, les noms doivent se brouiller. Mais c’est important d’essayer.
Je suis également un peu triste de voir la mode des « Starter Packs » reprise sur le fedi. Mon impression face à ça, dès le début, a surtout été « ok, on prend les gros compte et on les rend encore plus gros en les rendant incontournables ». Conseiller, c’est bien, mais considérer une liste de personnes incontournables à suivre, je sais pas… C’est peut-être mon grand âge, moi je suis les gens de façon organique : un partage me plait, je vais voir le compte, je m’abonne. On me partage/like, même démarche. On me parle : tout pareil. Et petit à petit on fait grandir son cercles de gens cools, qu’on a choisi de suivre et pas parce que Jean-Random, 10 000 followers, a décidé qu’il fallait absoooolument les suivre, chérie ! Alors oui, là aussi je me doute que ça n’est pas une vérité objective. C’est mon impression sur tout ça. En plus je sais que ces packs servent à bien d’autre choses, comme faire des listes de gens à harceler (… Mauvais esprit ? Où ça ?).
N’empêche.
De toutes les fois où j’ai posté mes créas sur le fedi, personne n’est venu y répondre en me traitant de conne. Du coup, m’en voulez pas si je reste dans mon nid, et que j’ai aucuuuune envie de retourner à BS. Parce que j’ai découvert que les RS pouvaient être une expérience enrichissante, après des années à nager dans toute cette toxicité, et j’ai aucune envie de revivre ça. C’est peut-être hypocrite, parce que encore une fois j’y ai un compte, et que c’est là que je peux retrouver quelques personnes qui ont de l’importance pour moi. Mais on va se limiter au strict minimum, BS et moi.
Et puis, bon. Si j’en crois mes chiffres et que je mets en parallèle l’évolution de Twitter et le passage par certaines étapes clés de son évolution sur BS, Musk devrait racheter le réseau dans… 3 semaines, grand max. (Je blague, je blague… Ou alors…)
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