Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Horny zone, #1 : la tente

Temps de lecture estimé : 6 minutes

CW : Tous les textes « horny zone » parlent de sexe d’une manière ou d’une autre, donc probable TMI. D’autre part : mention de drogues et d’alcool, et comportements borderline voyeuristes/exhibitionnistes.

Il y a quelques jours, lors d’une discussion sans aucun rapport, un souvenir m’est revenu en tête. Un de ceux auxquels on évite de penser parce qu’on est pas spécialement fier.e de nous, mais qui traîne plus ou moins en bordure et reviens sur le devant de la scène lorsque l’occasion se présente.

J’en profite donc pour le raconter ici, dans cette nouvelle catégorie d’articles un peu particulière (et qui va rester rare), pour une raison très simple : c’est un souvenir qui reste excitant dans ma mémoire, alors qu’il ne s’est absolument rien passé. Rien, le calme plat, personne n’a touché qui que ce soit, aucun mot n’a même été échangé. Et pourtant, malgré tout, j’ai toujours un agréable frisson quand j’y repense. C’est pour ce contraste entre l'(absence d’)action et les effets persistants que je le trouve… Amusant ? Allez, va pour amusant. Bref, cessons là cette introduction et passons à l’histoire.

Cet été là, nous sommes partis à 3 voir un festival : un ex (qu’il brûle), un de ses amis (que j’appréciais beaucoup), et moi-même, évidemment. Le plan était de dormir ensemble dans une même tente, ce qui est un peu chelou avec le recul, mais j’imagine que c’était plus simple et moins cher… ? Je ne me souviens même pas comment ni pourquoi ça s’est décidé, je ne suis pas certaine d’avoir été consultée. Cela dit, je m’en foutais un peu donc je n’ai rien trouvé à redire. On devait passer trois nuits comme ça, c’était pas très long et surtout on était là pour la musique.

La première nuit, rien à signaler de notable. La deuxième, en revanche, a été un peu étrange. En soirée, le pote était parti fumer des trucs avec un groupe de gens rencontrés sur place, pendant que je restais seule avec l’ex. L’ambiance aidant, j’ai très rapidement suivi ma propre route dans la direction de déchir’land, et la soirée s’est passée tranquillement. On s’est couchés, et vu l’heure tardive j’ai pensé que le pote ne reviendrait pas mais avait sans doute trouvé une jeune personne avec qui partager un matelas. Donc ouais, comme une grosse nouille je me suis endormie dans mon petit duvet, tranquille, et sans vêtements. Oui, quand même dans mon duvet, enfin quoi. On ne sait jamais. C’est certes totalement stupide, mais je n’étais pas dans un état de conscience parfaitement clair.

Je dormais bien, aidée par les effets relaxants des plantes vertes, quand quelque chose m’a réveillé. Rien de concret, pas de contact, rien. J’ai juste été sortie du sommeil par… Une impression. J’étais allongée sur le côté, visiblement au milieu de la tente, et j’ai ouvert les yeux pour découvrir le pote, là, allongé en face de moi, dans une position presque miroir. Sauf qu’il ne dormait pas non plus, et me fixait. C’est clairement ça qui m’a réveillée, parce qu’il ne faisait vraiment aucun mouvement (ou bien il y avait eu du mouvement plus tôt, j’ai pas cherché à savoir). Il faisait assez clair dans la tente pour que je vois ses yeux grands ouverts. Le problème, c’est qu’il ne me fixait pas dans les yeux. Hé oui, le duvet avait un peu glissé, laissant apparaitre, bien en évidence : les ✨boobs✨

Donc, forcément, s’en est suivi un instant de grande confusion. Je n’avais pas de problème avec le fait qu’il voit mes seins, d’ailleurs à cet instant je me demandais si ça n’était pas déjà arrivé tant la terre entière les avait déjà vu (une autre époque, vous dis-je). Ce qui me perturbait, c’était l’intensité de son regard braqué dessus. Je n’osait pas bouger, j’avais peur de… Casser la magie ? Je ne sais pas. J’avais honnêtement très envie qu’il se passe un truc, mais le contexte général rendait la chose absolument impossible. Alors je suis restée comme ça, figée, et il a levé les yeux, probablement en sentant sur lui le poids de mon propre regard. Une éternité de quelques seconde est passée à cet instant. Je crois que c’est la première et la dernière fois que j’ai vu ce que j’ai vu dans ce regard. L’envie, oui, mais aussi une étrange forme d’insolence et d’aplomb. C’est ce regard absolument ravageur qui s’est imprimé dans mes souvenirs. Il n’a pas plus bougé que moi. Il a soutenu mon regard, j’oserais dire sans cligner des yeux mais je ne peux quand même pas l’affirmer. Je l’avais vu, et il le savait très clairement. Je pouvais me retourner, ou remonter le duvet, n’importe quoi pour l’empêcher de continuer. Je pouvais aussi l’engueuler et lui mettre une tarte, après tout. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai décidé de laisser entière sa petite victoire : je n’ai rien fait de tout ça, et j’ai fermé les yeux alors qu’il me regardait encore.

Nous n’avons jamais parlé de cette nuit-là. La troisième nuit a été marquée par une tempête terrible qui nous a fait fuir le camping en catastrophe, trempés et hilares. Et voilà, rideau. Peu de temps après, cette période de ma vie a pris fin et je n’ai plus jamais eu de nouvelles de ce mec.

Bref.

C’est assez étrange de garder de ce souvenir un tel niveau… d’hornytude alors que j’ai vécu un tas de chose bien plus explicitement sexy. Mais… Il y avait le contexte, il y avait l’immense sentiment de victoire que je ressentais d’être désirée par ce mec qui me plaisait bien, et puis le cerveau est une machine complexe. C’est peut-être aussi justement parce qu’il ne s’est rien passé que ce souvenir est aussi plaisant : il n’y avait rien à gâcher. Et sincèrement, je souhaite à tout le monde d’être regardé un jour de cette manière.



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