Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Les anecdotes, #14 : Le concert du siècle

Temps de lecture estimé : 3 minutes

(CW deuil).

J’avais prévu de parler de tout ça plus tard, mais le bloguidien 90 portait sur le sujet « Quel est ton concert le plus marquant ? »… Donc c’était l’occasion de le faire.

Il y a de ça trois éternités (p’t’être même encore plus longtemps que ça), j’ai eu l’occasion d’aller à un concert de Lofofora en famille. En famille, c’est à dire avec mon chéri, ma maman et mon oncle. Mon oncle était ce que j’ai eu de plus proche d’un père, le vrai n’ayant été qu’une déception permanente (pour ne pas dire pire). J’ai déjà évoqué ma cousine G, c’est pas pour rien : nous étions très souvent toustes ensemble quand j’étais gamine, un petit noyau de famille dans un environnement totalement dysfonctionnel.

Ce jour là, pour une fois, c’était l’occasion de lui donner un peu de joie en allant voir ce groupe qu’il adorait. Alors nous étions là, dans une toute petite salle (le truc était vraiment minuscule mais aucun souvenir du nom de la salle…). On attendait que les groupes arrivent, et une première partie commence. Désolée, aucun souvenir de qui c’était, d’autant qu’au bout d’un moment mon oncle se sent mal. Alors on recule un peu dans un endroit tranquille, il s’assoit par terre et on l’entoure en attendant que le malaise passe.

C’est alors qu’un homme, qui écoutait le groupe près de nous, lui propose une bouteille d’eau. Enfin, sa bouteille d’eau. Le mec est grand (oui ok, par rapport à moi tout le monde est grand mais là je ne pense pas me tromper) et il a un chapeau de cowboy chelou en imitation fourrure de je ne sais quoi. On le remercie chaleureusement, parce que c’est un geste gentil, qu’on a rien pris avec nous comme des nazes et qu’on vient de loin. Il nous dit que c’est rien, et s’assure longuement que « ça va aller ? » avant de partir dans la foule. Vraiment, le mec adorable et spontané. Finalement, mon tonton va un peu mieux et le deuxième groupe arrive sur la scène. Le mec au chapeau chelou est là, et il prend une guitare. Ben oui, forcément, je n’allais pas vous raconter l’histoire d’un inconnu qui nous a offert une bouteille d’eau ! Même si ok, le geste était mim et qu’à Paris l’eau est chère. Mais quand même.

Le mec en question, c’est Sven Pohlhammer, de Parabellum. On s’est alors regardés entre nous, comme quatre idiot.e.s, à réaliser que, pris.e.s dans l’action et surtout dans l’improbabilité statistique de croiser un membre du groupe au beau milieu du public si proche de leur entrée sur scène, on n’a pas du tout fait attention à ce qui était pourtant évident.

Et voilà. C’était il y a des années, 10, 11 ans ? Plus ?

J’aime me souvenir de cette histoire, même si elle me fait chaud au cœur tout autant qu’elle fait mal. Hélas, les deux personnes au centre de cette courte histoire nous ont quitté. Sven Pohlhammer en 2017, mon oncle en 2019. Deux vieux anarchistes punks de l’arrière garde, le genre de modèles qui ont posé les bases de ce que je suis maintenant.

Bref. Si on pouvait revivre un moment à volonté, être réellement dedans, c’est probablement celui-ci que je choisirais. Parce que les gens les plus importants pour moi étaient là, dans cette minuscule salle même pas bondée. Qu’on a partagé quelque chose de gentil et de drôle. Que c’était un merveilleux moment. C’est ça le truc chiant avec les moments… Ils ont une fâcheuse tendance à passer.



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