(Également « Les anecdotes, #2)
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(TW harcèlement de rue)
Je voyage très peu, de base. Le handicap rend tout très compliqué, et j’ai la flemme. Et puis de toute façon, je ne veux plus prendre l’avion, ce qui limite les options. Mais il y a eu quelques voyages par le passé, et tout s’est toujours bien passé. J’ai donc failli zapper le sujet du jour, et puis je me suis souvenue…
Le voyage en Allemage (musique angoissante)
C’était un voyage organisé pour la fin d’année de 3ème, il me semble, (hé ouais, Allemand LV1 représente !). Marché de Noël dans la forêt noire, le plan qui envoyait du rêve ! Et, en vrai, le séjour était plutôt cool, on a visité par mal de trucs. L’ambiance de Noël, l’auberge toute en bois ambiance chalet et la bouffe à volonté, pour moi c’était le paradis. Sauf qu’il y avait un détail étrange, bien que super apprécié par les ados que nous étions : on avait l’autorisation d’aller en ville en journée, pas accompagnés. Quand j’y repense, je me demande si ça arrive encore, ça, des groupes de 3 profs qui restent à l’auberge pendant que 40 ou 50 gamins parcourent seuls les rues d’une ville inconnue ? Bon, on était supposément capables de nous prendre en main mais quand même, 14/15 ans c’est pas tellement sécure…
Et en effet.
J’étais donc avec une vague copine en train de me promener, on allait vers un arrêt de bus. Et là, sur le siège de l’abribus, je reconnais une fille d’une autre classe qui fait le voyage avec nous. Mais elle est tassée sur son siège, recroquevillée, clairement en détresse. Autour, quelques personnes qui ne la regardent pas, et deux jeunes mecs. Alors pardon pour le cliché mais vraiment : le look de skin (on est en 2000 environ, je ne sais pas si ça joue, enfin bref). Une bonne vingtaine d’année, l’un des deux en train de parler à ma camarade pendant que l’autre ricane derrière la vitre de l’abribus, à l’extérieur. Allemand LV1 peut-être, mais je n’ai aucune idée de ce qu’il dit, de toute façon les gestes sont assez clairs pour être compris (index et majeur en V, ces deux doigts posés chacun d’un côté de la bouche et la langue dehors qui s’agite. J’ai encore l’image en tête, et la nausée qui va avec). Je ne sais pas si j’étais naïve ou convaincue que les gens allaient bouger si il se passait quelque chose, en tout cas j’ai été me placer instinctivement à côté de la camarade et j’ai commencé à pourrir le mec d’insultes. En français, hein, mais je pense que là aussi la gestuelle était éloquente (majeur levé droit vers les cieux). La copine qui m’accompagnait était un peu figée, mais elle était tellement timide que je n’ai jamais pensé à obtenir de l’aide de sa part, de toute façon. On peut même dire que je n’ai pas vraiment pensé à quoi que ce soit…
Bref, je reste là à pourrir le mec, qui continue de parler en rigolant, mais recule assez cependant pour nous faire de l’air. Une fois le bus arrivé, les deux cons sont montés dedans, notre fier héro continuant ses gestes dégueulasses depuis l’intérieur du véhicule. La camarade était rouge, les yeux pleins de larmes mais sans pleurer, et je lui ai simplement proposé de rentrer avec nous. Elle a refusé en disant qu’elle attendait ses copines, et je l’ai donc laissée là après m’être assurée que ça irait pour elle.
À aucun moment les autres spectateurs n’ont bougé. Je ne suis pas sure qu’ils s’attendaient à ce qu’une petite gosse de 15 ans s’attaque à ce genre de morceau (et j’espère au fond de moi qu’ils ont eu honte de leur comportement), et les deux mecs ne devaient pas s’y attendre non plus. Quand j’y repense (tout est plus clair avec du recul), c’était un peu irresponsable et super dangereux, ils auraient pu être de vrais méchants (et peut-être qu’ils l’étaient mais que je les ai suffisamment amusé pour qu’ils pensent davantage à raconter l’anecdote à leurs potes qu’à me faire du mal, genre « on s’est fait attaquer par un chihuahua français »), mais voilà, je ne réfléchis pas toujours aux conséquences de mes actes. Et plus important, je ne regrette rien. J’ai pu aider cette fille, et ça s’est bien terminé, donc… C’est une bonne histoire, finalement.
Par contre, pour rentrer à l’auberge il fallait passer dans un tunnel pour piétons, le genre super glauque, bas de plafond et vaguement éclairé. A chaque fois que je l’ai traversé, j’ai toujours eu un peu peur de retomber sur les skins… Et je l’ai traversé au moins deux fois toute seule. Dans ces moments, je n’ai pas fait la fière, juré.
Je me suis éloignée du sujet, comme ça risque d’arriver souvent, et puis je n’ai pas *vraiment* regretté le voyage, après coup. J’ai juste commencé à flipper après cet épisode, ce qui a rendu le reste du voyage un peu moins agréable. Et puis ce n’est pas moi qui ai vécu cette agression, alors je n’ai pas vécu le pire. Donc finalement, mon regret principal est que des comportements sexistes aient un peu ruiné mon expérience de ce bel endroit et fait disparaitre la magie de n’wel ! Rendez la magie !
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