Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Bloguidien 129 : Les jeux vidéos qui t’ont marqués à vie.

Temps de lecture estimé : 14 minutes

HO OUI ON VA PARLER DE JEUX VIDÉO ! *Hrm* Pardon, je me calme. J’ai déjà évoqué quelques jeux très importants pour moi, comme la série des Witcher ou The Stanley Parable (et je ne vais même pas parler de WoW, qui est en tâche de fond dans ma vie depuis bientôt 20 ans). J’ai passé dans les jeux un nombre d’heures dont je ne peux/veux même pas faire une estimation, à dire vrai. Il faut savoir que, dans ma famille, les jeux vidéo sont plus qu’un loisir, mais une institution. Tout le monde joue. Je n’ai jamais eu la moindre limite sur ce sujet étant petite, tant que les devoirs étaient faits et que les notes restaient bonnes, et j’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre les gens qui ne laissent pas jouer leurs enfants, ou alors seulement un nombre d’heures limitées par semaine. Mais bon, j’ai du mal avec les parents qui imposent des règles arbitraires qu’on justifie à coup de « parce que c’est moi qui décide » à leurs enfants, de manière générale… J’aurais fait une mère du tonnerre, heing ! Bref, tout ça pour dire que c’est une relation vraiment très ancienne, qui remonte presque à mes premiers souvenirs. Mais nous allons parler d’un temps que les moins de vingt ans etc etc. Alors pour commencer, gros flashback !

Mon tonton, qui sera à jamais mon père de cœur, a toujours eu un faible pour ce qui se rapprochait de près ou de loin des consoles de jeu et a toujours été un joueur de génie. Il avait une technique et un talent incroyable, et était capable de finir tous les jeux auxquels il touchait sans transpirer. Pourtant ça n’était pas une chose évidente, puisqu’il n’était ni de la bonne génération ni issu d’un milieu proche de quelque façon que ce soit de l’informatique. Famille de prolos oblige, il n’a pas eu les moyens d’en acheter une avant longtemps. J’ai cependant un souvenir très vivace d’une époque où je devais avoir 5 ans, et il avait acheté à ma cousine un objet fort étrange. C’était un genre de petit écran (CRT, comme une mini télé) avec pad inclus, et on jouait à un jeu chelou constitué de lignes lumineuses sur fond noir. Je crois que c’était une course automobile, je ne me souviens plus, mais on a passé des heures sur ce truc. C’était une expérience unique, aucun autre jouet ne lui ressemblait. Si je m’en souviens encore, c’est qu’on peut considérer que ce premier jeu (ou proto-jeu) m’a marquée à vie.

Fast forward, mon tonton est le premier de la famille à s’acheter une Super Nes quand elle est rendue disponible en France. Il me fait alors découvrir Mr Nutz, et là encore, paf : des heures de jeu (à crever comme une naze en jouant avec un écureuil peu réactif). Drame suprême, la mort équivalait à tout refaire du début. Un enfer. Mais hé, j’adorais ça, j’adorais vraiment ça. Ce jeu était si techniquement avancé par rapport à ce que j’avais pu connaître ! Deuxième jeu, du coup : Mr Nutz, surtout pour la douceur qui accompagne le souvenir.

Après quelques semaines, ma maman m’achète la même console, et il y aura beaucoup (beaucoup) de jeux. Mais pour qu’un jeu me marque, il ne faut pas seulement qu’il soit bon et que je l’apprécie… Il faut un truc en plus, quelque chose d’absolument subjectif qui va ajouter une surcouche de tendresse au souvenir. Et si j’ai forcément poncé Zelda : a Link to the Past, il ne fera jamais partie des jeux qui se sont inscrits dans mon panthéon personnel des jeux qui m’ont fait réellement vibrer. Non, pour ça il faut attendre Illusion of Time. Un action-rpg classique pour l’époque, mais avec une histoire curieusement sombre sous ses graphismes pixels mignons. Le gameplay variait beaucoup, ce qui ne gâchait rien. C’était une expérience incroyable, parfois un peu choquante pour une gamine (la roulette russe, quelle violence… Je ne savais même pas ce que c’était à l’époque !), mais l’un des jeux de ma vie quoi qu’il arrive.

Encore un fast forward, on arrive à l’époque de la 3D, woohoo, c’est le modernisme ! Toujours fidèle à Nintendo (les choses ont bieeen changées…), on m’offre une Nintendo 64. Là, j’avoue que c’est pas la folie en terme de jeux. Peu sont à la hauteur (la vieille 3D, tmtc). Mais dans le tas, un jeu absolument merveilleux, et à mon sens bien meilleur que Mario : Banjo Kazooie. Un univers drôle et délirant, un gameplay varié et une caméra pas si horrible (ce qui est un gros compliment pour l’époque), j’ai fait de nombreuses parties sur ce jeu. J’aimais trop être un crocodile ! Je serai à tout jamais triste que cette licence soit virtuellement morte après seulement deux titres…

On n’arrête pas le progrès, tout va si vite à cette époque, holala ! Voici que sort la Gameboy Color. Alors oui, j’ai eu les trois pokemon à l’époque (rouge, bleu puis jaune), mais le jeu le plus important reste : Harvest Moon. Je découvre ce jeu, uniquement en anglais à l’époque alors que je ne le parle pas, et pourtant je suis tombée dedans de façon irrévocable et définitive. C’est lui qui me fera tomber dans une passion longtemps frustrée par l’absence de titres : le jeu « de ferme ». Avec la quantité industrielle de jeux sur ce thème maintenant, ça peut sembler étrange, mais imaginez que j’ai passé des années en plein désert vidéo-ludico-fermier ! J’ai collectionné tous les titres Harvest Moon religieusement, dès que l’un sortait. Une époque bien sombre. Mais bon, j’ai appris les bases de l’anglais comme ça, juste par le pouvoir de la frustration et de la volonté de comprendre ! Et un de mes premiers mots était donc « Turnip ». Un mot vaaachement utile, vous en conviendrez.

Encore un petit bond dans le temps, voici que sort là Gamecube. Bon, la ludothèque est un peu maigre, mais il règne encore l’idée que les jeux y sont moins « violents » que chez la concurrence… Même si j’ai tellement joué à RE4 que j’ai même chopé la version collector de la console par la suite. Bref. De cette console me reste surtout un jeu particulier, et là encore un précurseur d’une mode qui ne semble plus jamais finir : le JRPG à cartes, Baten Kaitos. Un jeu unique en son genre, poétique, élégant, et capable de te bloquer sur le boss de fin au point de relancer la partie du début. Qu’importe, j’ai fait probablement 12 parties, et j’aimerais vraiment y rejouer un jour. Heureusement un remake est sorti sur Steam, alors si le prix baisse, hein, je serais là. En embuscade.

Par la suite j’ai eu un peu toutes les consoles, mais j’ai fini par décrocher quand le prix est devenu ridicule par rapport à l’offre PC.

Car oui, c’est bien mignon tout ça, mais je parle de consoles et où sont les jeux PC ? J’y jouais en parallèle, mais l’attachement n’a pas été immédiat. J’ai déjà parlé de mes premiers contacts avec un ordinateur, mais je n’ai pas eu de PC à moi avant… Mon entrée en 6ème, je crois ? Ou un peu plus tard. Bref, c’est là que j’ai vraiment commencé à jouer sur cette plateforme, de façon moins intensive que sur console. Peu de jeux à proprement parler m’ont marquée aussi profondément que ceux déjà évoqués. À la limite, peut-être les Sims (le premier, oulala), qui me valait l’incompréhension autour de moi. Quel intérêt de diriger la vie d’une petite personne virtuelle ? JE SAIS PAS, OKAY ! Laissez moi kiffer ma life tranquillement. Ce jeu m’a obsédée très longtemps, et surtout avant sa sortie. Je le voulais tellement que j’en rêvais la nuit. Mais sinon, peu d’autres titres me reviennent en mémoire avec autant de force… Surtout qu’avec les années, j’ai commencé à jouer très intensivement sur PC et peut-être qu’une consommation plus intensive est forcément un peu plus superficielle… Je les aime, hein, j’en ai aimé beaucoup, mais rien qui ne dépasse l’aspect ludique. Depuis que je suis environ adulte, mes coups de cœurs sont plus rares et surtout plus discrets, moins dévorants. Je peux parler des heures pour dire à quel point Dishonored ou Bioshock ont été d’énormes claques, sans pour autant les accepter dans ce cercle restreint des jeux marquants. J’ai passé environ 1000 heures sur Planet Zoo, qui est un jeu que je reprends dès que je me sens un peu malade ou faiblarde, comme un doudou, et pourtant je ne le compte pas non plus. Pour ça, il faut regarder du côté de jeux moins unanimement appréciés, mais qui ont su taper au bon endroit.

Tout d’abord, je vais parler de Betrayer. Un jeu assez simple, avec des éléments de shooter, un peu de discrétion, un peu d’exploration… Je pense que c’est typiquement un jeu « hit or miss », mais pour moi c’était plus qu’un hit. Il y avait quelque chose dans cette ambiance simple et crue, sans musique, mais avec certains sons qui finissaient par être proprement terrifiants, qui m’a happée. Je me suis, pour la seule fois dans un jeu, sentie réellement seule, et dans cette solitude est née un investissement émotionnel que je n’avais que rarement ressenti. Chaque choix artistique me semblait être le bon, et j’ai eu un trauma des bruits de clochette pendant longtemps. L’histoire, parlant de conquête espagnole et de natifs américains, est tragique et terrible mais bien amenée. Le jeu est maintenant disponible gratuitement sur GoG, mais je crois qu’il ne fonctionne pas super bien sur les configurations modernes, et c’est vraiment très dommage…

Dans un style différent mais sorti la même année, Jazzpunk est un jeu vraiment unique en son genre. Je n’ai jamais autant ris devant un jeu, au point de devoir faire des pauses pour essuyer quelques larmes. Là aussi c’est clairement un hit or miss, mais surtout parce qu’il faut que le genre d’humour (absurde) fonctionne sur nous, sinon ça doit être un looong moment pas super intéressant. Par contre, si c’est votre style, holala quel bonheur. J’avais enchaîné deux parties la première fois, pour être sure de ne rien rater. Un bijou taillé dans la stupidité la plus pure, et poli avec humour. De la connerie 24 carats.

Autre jeu, encore un autre genre. Je n’étais pas une grande fan de Tale of Tales, même si j’admirais leur passion pour les jeux originaux et typés « artsy ». Globalement, l’expérience proposée ne me parlait jamais vraiment… Sauf une fois, avec Sunset. On parle clairement d’un jeu aux critiques plutôt mauvaises, et je comprends vraiment pourquoi. Pourtant, je suis tombée amoureuse de ce jeu. Je suis tombée amoureuse dans ce jeu. C’était soudain et imprévisible, et pourtant il s’est passé une chose étrange. Dans Sunset, on joue la femme de ménage d’un homme riche qui n’est jamais là quand on vient, une fois par semaine pendant le crépuscule (bah oui, forcément). La boucle de gameplay de base consiste donc à arriver, accomplir une liste de tâches, et repartir. Quel intérêt ? Hé bien, c’est une question légitime ! Voyez-vous, l’action se passe après un coup d’état dans une ville fictive d’Amérique Latine, et la prise du pouvoir par un dictateur (ho no, trop réel.). Notre personnage travaille donc pour un homme riche dans un régime dictatorial, ça n’inspire pas super confiance quant aux opinions de ce monsieur, hein. Ou alors… Je n’en dirai pas plus. Ce qui fait tout l’intérêt du jeu, c’est ce qu’il se passe hors de la boucle de base, entre les petites informations sur la vie personnelle de notre héroïne quand elle prend l’ascenseur pour arriver chez Gabriel, qui nous en apprend beaucoup sur la société autour d’elle, mais aussi ce qu’on va trouver en furetant un peu. Notamment des post-it, laissés par le propriétaire des lieux, à qui on va répondre (on peut choisir ses réponses dans une certaine mesure). Cette relation quasi épistolaire, ou chacun.e cherche à mieux connaître les positions de l’autre et, petit à petit, à se connaître tout simplement, est d’un romantisme invraisemblable. Je ne sais pas si on peut beaucoup changer l’histoire, mais clairement je suis tombée dans le jeu de séduction avec Gabriel avec délectation. Et cette séduction est d’autant plus importante qu’elle naît alors que le monde tombe littéralement en ruine autours d’elleux, que c’est de plus en plus la guerre civile à l’extérieur de cette appartement et que l’espoir s’étiole chaque jour un peu plus…. J’ai, je l’avoue sans honte, craqué sur Gabriel, sur son amour des livres, sur sa culture, sur sa finesse d’esprit. Pfff, pourquoi les meilleurs mecs n’existent pas, hein. La vie est nulle, remboursez. Quoi qu’il en soit, je suis très heureuse d’avoir donné une chance à ce jeu malgré les terribles critiques.

Puisqu’on parle poésie, j’ai besoin de parler de Figment. Il faut savoir que j’y ai joué bien après sa sortie, parce qu’à priori je n’étais pas conquise par le pitch et la présentation. Grave erreur, et d’un autre côté c’était une excellente décision parce que le timing a beaucoup joué dans mon expérience. Côté gameplay, rien de révolutionnaire, de même que l’aspect visuel (bien qu’il soit tout à fait charmant). La force de Figment est ailleurs… Dans son traitement bienveillant de la souffrance, des traumatismes, et surtout du deuil. Dans ses musiques parfaitement adaptées à l’action et drôles, ou tristes, ou pleines de courage. J’ai tellement pleuré pendant le combat final, parce que moi-même au plus profond du deuil à ce moment là, et pourtant j’en suis sortie… Soulagée. Comme si Dusty et Piper m’avaient aidée avec mes propres traumas. Il m’arrive encore d’écouter l’OST pour le plaisir, d’ailleurs, parce qu’elle était vraiment d’une qualité rare ! Ce jeu est presque une comédie musicale, mais en bien. Bref, encore un jeu auquel ont joue pour l’expérience et pas seulement pour ses qualités techniques (que j’avoue être un peu faiblardes).

Dernier jeu de cette sélection (très restreinte, je vous le jure), le classique Subnautica. Bien plus populaire que le reste des titres de la liste, c’est un jeu qui m’a procuré des sensations… Fortes. Principalement parce que je suis un paradoxe vivant : je suis thalassophobe, assez fortement d’ailleurs. Dans mon cas, ça implique une impossibilité de nager là où je ne vois pas le fond et la terreur d’être sur un bateau, basique. Je me suis beaucoup forcée étant jeune, parce que « ahah y a rien d’autre que des truites dans cet étang ahah de quoi t’as peur » JE SAIS PAS JEANINE, JUSTEMENT ! JE SAIS PAS ! C’est bien le problème ! Bref. Conséquence « logique » : j’adore les reportages sur l’océan, les films débiles de requins, et les jeux vidéos qui se passent sous l’eau (le masochisme est plus qu’un kink, c’est un lifestyle). C’est ce qui fait que Bioshock m’a laissé une telle impression (la première descente vers Rapture, j’ai pas raison ?), mais surtout que j’ai passé des heures et des heures dans Subnautica. Un jeu de survie sous-marin, qui permet surtout de se construire une base dans des endroits simplement magiques. Car ce qui est la force tout autant que la faiblesse du jeu, c’est qu’il ne se passe pas sur Terre, donc la faune, la flore et les environnements sont littéralement aliens. Je trouve ça parfois frustrant, j’aurais aimé voir des baleines, mais certains lieux bourrés de bioluminescence sont splendides. J’ai passé des heures à construire la base parfaite, puis à errer dans les couloirs, à regarder les poissons à travers les vitres. Sincèrement, la partie histoire ne m’a pas franchement intéressée, bien qu’elle soit intrigante, mais tout le reste n’est que plaisir. Même si nager jusqu’aux profondeurs abyssales est une expérience terrifiante, je ne vais pas mentir. Il y a des choses, dans ces profondeurs. Il ne faut pas y aller sans se préparer, et encore…

Bon allez, je vais m’arrêter là pour aujourd’hui ! Si des idées me reviennent, j’en ferai un autre article. Et quoi que puisse en penser un certain monsieur Moix, les jeux vidéo c’est bieng (… Pas sure de cette phrase finale, elle manque un peu de punch) (lui aussi, il lui faudrait plus de punchs. Vachement plus. Si il y a des volontaires…)



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