Il y a pas mal d’objets de mon enfance (vue un peu largement) qui ne sont plus utilisés, et je pense qu’on sera nombreux-ses à citer environ les mêmes choses : VHS, disquettes… Ou les Pog (j’ai toujours les miens, quelque part) et les Tamagochi. Mais il me fallait quelque chose pour surprendre (et idéalement amuser) lae lecteurice, j’ai donc continué à chercher. Notez d’ailleurs, avant d’aller plus loin, que rien de tout cela ne me manque, et que si j’apprécie l’esthétique VHS pour son côté cragueulasse, la rapidité de l’usure de ce type de support était une plaie. C’est bien mignon les glitchs et tout, mais nous on voulait juste voir La Belle et le Clochard dans une qualité correct ! Donc de toute façon, rien de tout cela ne répond à la question.
D’autre part, même si la technologie a beaucoup avancé depuis les années 80, j’ai l’impression que du point de vue de la vie quotidienne, les choses n’ont pas beaucoup changé. Les modes, les styles d’objets, oui, mais les objets en eux-même je ne sais pas. J’ai donc cherché, comparé des photographies mentales « avant/après », et un élément s’est soudain nettement détaché. Un élément capital.
Je vais donc vous parler de l’incontournable : rideau anti-mouches composé de lanières en plastique multicolores. Je ne sais pas si c’est une question d’époque ou de lieu, mais quand j’étais gamine tout le monde ouvrait ses portes l’été. Sauf que, qui dit région rurale dit souvent animaux, comme les vaches, les lapins ou les poules. Et forcément… Les mouches. Des tas et des tas de mouches, tout le temps, partout. Du coup, toutes les portes s’ornaient très vite de ces « splendides » rideaux de plastique bon marché dont il fallait écarter les lanières souples mais néanmoins un peu trop rigides afin de les traverser. Je ne suis pas persuadée de l’utilité de ce genre de trucs, entre nous. Il y avait quand même des mouches, et il aurait fallut mener une étude un peu plus poussée pour vérifier la validité de l’assertion de base. Et puis, quand bien même les mouches ne seraient plus rentrées, on retrouvait les poules un peu partout dans la maison, et parfois un chat qui n’appartenait pas au foyer. Rien de gênant, mais c’est quand même un plus plus encombrant. Bilan : mitigée.
C’est un élément important de mon enfance. Quand on installait le rideau, c’était le signal du début des Grandes Vacances, et qu’il ferait beau (au moins un jour par semaine) et chaud (plus de 20°), bref c’était la joie dans le foyer (offre soumise à conditions). C’était aussi le début des galères pour entrer et sortir… Parce que, franchement, c’était tellement chiant de passer à travers. Il fallait tout d’abord pousser les lanières de la main, mais pas trop vite parce que leur semi-rigidité provoquait un petit risque de coupure. Il y en avait forcément une ou deux qui retombaient, et on pouvait soit les repousser de nouveau soit décider de passer à travers parce que hein, bon, ça saoule un peu. Du coup on avançait de deux mètres avec des lanières de rideau sur la tête tout en prenant le risque de se faire engueuler : « les mouches vont rentrer, arrête de jouer avec le rideau ! ». Très rapidement, on commençait à les injurier (les rideaux, je veux dire). Enfin surtout du côté des adultes, parce que les enfants n’avaient pas le droit de jurer… Devant les parents. On se contentait donc de râler en soupirant. Mais ce qu’on voulait dire, tout au fond de nos petits cœurs d’enfants, c’était : « mais foutus rideaux de merde, lààà fait chier ! ».
Question de durabilité, là encore le bilan était moyen. Exposé aux éléments, le plastique ne vieillissait pas très bien et avant la fin de la saison, tous les rideaux semblaient avoir décidé de se faire une frange dégradée du dernier chic. Heureusement, l’été nivernais ne durait pas longtemps à cette époque, et avant même début septembre on faisait disparaitre discrètement et sans trace (tarifs raisonnables) ces horribles éléments perturbateurs du quotidien, de toute façon beaucoup trop colorés pour s’accorder à la grisaille ambiante et autant à leur place que des clowns dans un Apple store.
Je ne sais pas si ils ont vraiment disparu partout, mais j’ai l’impression qu’ils ont au minimum été remplacés par d’autres matériaux. De toute façon, je ne vis plus là-bas alors tout ce que je pourrais ajouter sur cette question ne serait que ouïe-dire, et ici on bosse avec sérieux, selon des témoignages directs (les miens, globalement). Quand à expliquer le regret que j’éprouve pour ces objets moches, inutiles et écologiquement catastrophique… C’est surtout de la bonne vieille nostalgie. La nostalgie d’une époque où je n’avais pas peur de l’été et de la souffrance qui l’accompagne, une époque où les « beaux jours » était une formule pleine d’espoir et de positivité. Mais quand même, ils étaient vachement kitschouilles ces rideaux.
…
Pour les gens qui ont survécu jusqu’ici, je vais ajouter quelque chose de plus sérieux. Pas au sujet d’un objet en particulier, mais d’une esthétique dont je suis restée une grande fan à travers les âges : les objets électroniques en plastique transparent. En général, le plastique était un peu mat, et coloré. On pouvait voir tous les petits composants à l’intérieur, avec l’impression de pouvoir comprendre La Machine ! C’était tellement cool. Rendez le plastique transparent. Il me manque. Si vous le croisez, dites-lui que je l’aime encore…
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