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(CW évocation de drogue de façon positive, de PTSD et de mon peu d’estime pour le milieu médical) (Ouais, c’est assez sérieux cette fois, je comprendrais que ça puisse déranger alors dans ce cas, on se retrouve à la prochaine note !)
Je commence souvent mes articles quotidiens par « c’est une question difficile » (et si je ne le fais pas, j’y pense quand même). Mais pour le coup, c’est vraiment le cas. J’en ai appris quelques unes, toutes acquises au prix d’une partie de ma santé mentale, et franchement j’essaye de les éviter autant que faire se peut. Je sais déjà ce que j’ai à savoir, c’est bon, on arrête les frais.
Quand on n’a aucun souvenir précédent l’annonce de sa propre mort prochaine (et pourtant, ici je suis), honnêtement, on apprend rapidement à vivre selon des normes un peu personnelles. En fait, je suis souvent la super « leçon de vie » de quelqu’un d’autre, ce qui est un sentiment particulièrement désagréable (mais si, le validisme « bienveillant » là, du genre « je sais pas comment tu fais » et toutes ces conneries.) J’ai une réaction un peu épidermique à la tournure en elle-même, à cause de ce passif, et ça fait immédiatement grimper ma tension.
Toutefois, si j’arrive à occulter un peu cette expérience, j’ai quand même envie de partager une leçon super importante que j’ai apprise durant les toutes dernières années, mais qui ne s’appliquera pas à tout le monde. J’ai appris à prendre en main ma santé, physique et mentale, de façon autonome et sans culpabiliser. Nan, partez pas, c’est pas un délire complotiste « soignez vous par l’homéopathie et la radiesthésie « . On est loin de ça, c’est plutôt dans une démarche « DIY radicale ».
Pour résumer, j’ai eu des migraines atroces pendant des années. On m’a filé quelques traitements, mais on ne peut pas dire que ça ait fonctionné. Alors j’ai pris des antidouleurs, mais ils sont ensuite devenus interdits à la vente libre. Il aurait fallut que je vois un médecin régulièrement, juste pour avoir mes cachets. Juste pour ne pas pleurer de douleur. Et qui dit qu’on me les aurait donné, d’ailleurs…
Alors bon, flemme.
Mon rapport à la médecine est déjà compliqué, à la base (un jour on parlera de comment la médecine pédiatrique peut, dans certains cas, ruiner toute idée de consentement chez l’enfant, mais qui est vraiment prêt pour cette discussion… Perso, ça a juste ruiné l’intégralité de mon rapport à mon corps et à mes limites personnelles, tranquille). Là aussi j’ai donné, et j’essaye de limiter mes visites médicales à, disons, une fois par décennie. C’est pas mal, ça, c’est un bon rythme. Conséquence logique, je me suis toujours beaucoup intéressée à la gestion autonome de la santé, notamment gynécologique, pour éviter de devoir compter sur un système oppressif. Ouais, le DIY c’est pas que le bricolage pour moi, c’est vraiment un style de vie global !
Attention, disclaimer : je ne dis pas qu’il ne faut pas voir de médecin quand on en a besoin, bien évidemment ! Il y a un tas de choses qu’on ne peut pas gérer seul.e, notamment les plus graves, c’est tout à fait logique. Et il faut se faire vacciner, aussi, c’est une évidence. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, hein, je ne suis pas du tout anti-médecine ou que sais-je, je ne parle que de mon cas personnel et de problèmes, disons, sans conséquences graves.
Quoi qu’il en soit, quand on veut et peut éviter le regard paternaliste et la remarque cinglante d’un médecin random qui n’a de toute façon rien à br… de votre santé et qui vous expédie en 10 minutes, ça vaut le coup d’essayer. En tout cas, c’est ma démarche. Je suis une adulte, j’ai les connaissances nécessaires utiles à la préservation de ma santé au quotidien, je sais ce que je veux ou ne veux pas, j’estime avoir le droit de m’en occuper comme je l’entends. J’ai conscience que ça peut être clivant, mais c’est important pour moi de faire mes propres choix. On me l’a refusé trop souvent, de trop nombreuses façons.
Retournons aux migraines. Me voilà donc, il y a quelques années, à avoir très régulièrement des douleurs horribles, au point que ça devient quasi quotidien. Je gère ça grâce à des médicaments beaucoup plus forts que ceux qui étaient en vente libre avant, parce que quelqu’un peut me les fournir (ah oui, interdire ça marche TELLEMENT BIEN n’est-ce pas. Bande de prix Nobel.). Mais j’ai pas envie de ça, j’ai pas envie d’être comateuse un trop grand nombre de jours. J’en ai marre, tout simplement, et je veux que ça s’arrête.
Jusqu’au jour où je tombe sur une étude, concernant une substance que j’avais déjà utilisée par le passé pour une raison d’amusement personnel, qui parle de ses effets potentiels sur la migraine dans le cadre de prises régulières d’une petite dose. A ce stade, je n’ai rien à perdre. La France est bien évidemment en retard sur la question, et quand bien même elle s’en préoccuperait qu’il faudrait sans doute là aussi un suivi médical. Donc ouais, j’ai plus rien à perdre disais-je, et je me dis que je vais tenter.
Il y a encore assez peu de résultats sur le sujet, les études restent trop rares. Alors fuck-it, me dis-je : je deviendrai ma propre étude. Je me connais par cœur, je sais comment j’y réagi, je sais où sont les limites.
Et là, c’est le miracle en moins de 3 mois. Ma vie quotidienne n’est pas affectée négativement, je ne « plane » pas h24, par contre les migraines reculent jusqu’à devenir très rares (je pense qu’il me reste certaines migraines hormonales, mais on ne peut pas faire grand chose contre ça).
Comme c’est absolument merveilleux, je continue, je continue, et je change. Je deviens plus ouverte, plus à l’aise avec les gens, plus sûre de moi (on partait de TRÈS loin, ok). Les symptômes généraux de mon PTSD s’atténuent. Je parviens même à faire des choses que je n’arrivais plus du tout à faire, comme prendre un rendez-vous au téléphone. Ouaip, c’était à ce point.
Forcément, je suis super fière de moi, mais surtout très reconnaissante. J’ai eu le temps de faire quelques pauses pour voir ce qu’il se passait, et j’ai constaté que l’amélioration durait quelques semaines, après quoi il fallait reprendre les micro-doses. C’est honnête.
Pour prévenir les remarques stupides : non, je ne suis pas accro, ça n’est pas une substance addictive. Quand bien même, est-ce que j’arrêterai étant donné le pouvoir positif qu’elle a sur ma vie ? Pas sure. Elle ne pose pas non plus de risques sur ma santé, ni à court ni à long terme. Oui, c’est tout à fait possible. Et si c’était pas assez clair, sur ce sujet aussi je suis pour l’autonomie personnelle (et l’éducation, surtout, pour comprendre comment les substances fonctionnent. Quand je vois certaines remarques sur « Les Drogues » sur les réseaux sociaux, j’ai un peu envie de pleurer. Il faut tuer la Nancy Reagan dans votre tête, au bout d’un moment).
Je ne pense pas être guérie, d’un point de vue physique ou moral. Cependant, je vais vraiment beaucoup mieux. Et tout ça, c’est uniquement grâce à moi-même, à mes recherches sur le sujet, à la connaissance de mon propre corps et de mon fonctionnement. Je sais que je n’aurais pas eu un résultat aussi notable en continuant ma vaine recherche auprès des médecins, et aussi qu’une éventuelle solution ne m’aurait pas aidée à aller mieux psychologiquement.
Donc ouais, la leçon apprise à cette occasion est que, si on prend le temps de s’informer et de se connaître, on peut prendre sa santé en main d’une manière tout à fait efficace sur certains sujets (j’insiste sur ce dernier point, une fois encore.) On infantilise beaucoup trop la population, même si j’admets que quand on voit certaines choses on est en droit de se poser des questions sur la capacité de chacun.e à prendre des décisions rationnelles. Personnellement, ma vie est tellement meilleure depuis que j’ai sauté le pas, même pas en rêve je reviens en arrière.
Ultime disclaimer : inutile de me contacter pour me poser des questions, je ne donne aucune information ni n’incite à la consommation. Globalement, je n’en parle qu’avec les gens en qui j’ai confiance. Chaque personne réagit différemment, peut-être qu’une substance qui fait des merveilles chez une personne peut poser des problèmes à une autre. Dans le doute, je préfère m’abstenir.
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