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J’adore la musique. Enfin, surtout l’écouter, parce que je crois ne pas avoir la fibre pour jouer. Il y a eu des tentatives, et j’ai toujours été constante quant au résultat : absolument lamentable.
ET POURTANT. J’aimerais vraiment, mais alors vraiment beaucoup savoir jouer d’un instrument, et surtout… De la vielle à roue.
Ouais, je suis ce genre de personne. J’aime la cornemuse, j’aime l’accordéon… Après, j’ai vécu ma vie depuis l’adolescence entre le ska et le pagan metal, au bout d’un moment il y avait quand même des indices !
« Pourquoi ce choix ? » me demandé-je à moi-même en l’absence d’interlocuteurice éveillé.e vu l’heure avancée de la nuit. Hé bien c’est une sombre histoire d’héritage, de patrimoine, d’histoire personnelle. Tout ça à la fois.
Mais pour commencer : fort simplement, j’aime le son de la vielle, qu’il soit intégré à un morceau de metal (écoutez Korpiklaani, de façon générale), tout seul en reprise d’une musique traditionnelle du Morvan ou dans un morceau issu d’un jeu célèbre.
Et pourtant, on partait de loin. J’ai souvent été entrainée dans des « bals musette », quand j’étais toute petite. Ma mère, plutôt le genre à écouter du punk, trouvait ça insupportable. Elle voue d’ailleurs toujours une haine intense à l’accordéon. Et longtemps, par mimétisme, parce que tout ce qui pouvait ressembler à du patrimoine rural était forcément ringard, j’ai détesté aussi. Je n’ai même pas eu l’occasion de me demander si cette opinion était la mienne, j’étais bien trop jeune et on veut rendre nos parents fiers, n’est-ce pas. Il faut pourtant admettre que c’est un échec sur ce plan. Entendons nous bien : je n’irais pas écouter du musette, hein, je trouve ça effectivement ringard. Mais l’instrument en lui-même ne m’a pas vraiment quitté. Finalement, mon père m’aura peut-être légué quelque chose.
De la même façon, la tradition de la vielle est très vivace dans le Morvan. Nombre de fêtes traditionnelles avaient leurs représentants du lobby de l’instrument, et même si ça jouait des bourrées, j’aimais déjà ce son, cette ambiance qu’il transporte, un sentiment étrange de nostalgie d’une époque qui date de bien avant moi. Il me mettait toujours d’humeur joyeuse. J’ai d’ailleurs le même sentiment avec la cornemuse. Je sais que c’est un instrument clivant, beaucoup de gens ont du mal à le supporter, une histoire de tympans vrillés, quelque chose comme ça. Pour ma part, c’est un son qui m’émeut vraiment beaucoup (je voulais dire qu’il me faisait parfois pleurer, mais je me doute que des mauvaises langues vont en profiter pour faire des blagues « ah ben moi aussi » pour dire qu’iels détestent, hein, JE NE SUIS PAS UN LAPEREAU DE LA DERNIÈRE PLUIE !)
Je suis bien évidemment incapable de savoir si l’amour de l’instrument vient d’une exposition répétée, si c’est simplement quelque chose qui nous est inné. Ce qui est amusant, c’est que j’ai vraiment (et vainement) tenté très fort de prendre ce rôle qui n’était pas le mien, décidant d’aimer ce qui me semblait « cool » et de rejeter le reste. Quel retournement de situation. Hélas, ce « reste » vaut pour une grande partie de ces traditions rurales, ce que je regrette aujourd’hui. En vieillissant, j’ai développé un tout autre rapport à l’histoire locale (mais j’en reparlerai dans une autre note, qui parlera d’un tout autre sujet) et je réalise que j’aurais aimé en apprendre plus quand j’étais encore sur place. Maintenant, c’est un peu tard… D’un autre côté, j’ai eu la chance rare de découvrir des choses qui se sont plus ou moins perdues, grâce à ma naissance dans une famille, disons, ancienne. Rien de noble là-dedans, enfin pas depuis un bon siècle, c’est juste qu’on peut remonter sur trois siècles dans mon arbre généalogique et réaliser que mon histoire familiale tient dans un bon gros fat 200km² (véridique) (comme quoi, même un pool génétique pas top peut donner d’excellents résultats) (win wink) (je parle de moi) (j’aime l’humour).
J’ai profité d’être très tôt au contact de la musique, de la langue, des vieilles histoires. J’ai parfois l’impression d’être la dépositaire d’une mémoire en train de disparaître… Que j’hésite même à partager, dans la mesure où il y a quelque chose d’inquiétant pour une anar de tenir autant à cette mémoire. Mais je suis désolée, je trouve cet héritage passionnant ! Et j’ai envie de montrer qu’il y a d’autres manière d’être attaché.e à l’histoire d’un lieu que d’être un espèce de fanatique puydufoutesque (d’ailleurs, et paradoxalement, ces gens ne s’intéressent pas réellement à l’histoire… Mais uniquement à une histoire imaginaire qui colle à leur narratif xénophobe. Nous les conchions donc en toute cordialité.)
Sur une note (hoho) sans rapport, dites moi si c’est un sujet qui peut vous intéresser. Je ne compte pas parler du Morvan dans chaque billet mais je dois pouvoir vous parler de quelques petits trucs méconnus, comme l’époque où Paris pillait le bois pour se construire, et les terribles conflits subséquents entre les nobles et les paysans du Morvan. Y a eu de la bagarre, même. Dites oui, ça sera cool.
Bref. Tldr : la vielle à roue c’est cool, et si j’avais su où trouver un.e prof, il eut été possible j’eusse tenté de pratiquer. Et mettez plus de vielle dans votre punk, merci d’avance.
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