Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Horny zone, #2 : Pierre

Temps de lecture estimé : 5 minutes

(CW évocation de désir un peu précoce, mais rien de plus, pas de panique)

C’est bien beau d’avoir une catégorie « horny zone », mais j’aimerais quand même que les articles aient un peu de substance (et non, pas comme ça, tsss). On peut aussi en profiter pour s’interroger sur certaines choses concrètes, au passage, à la manière des posts avec prompt « classiques ». Conséquemment, j’ai cherché des idées et je suis tombée sur une question qui m’a intéressée : quel était mon premier souvenir de désir physique ? La première fois où mon corps a dit « hé, il se passe un truc intéressant dans les zones inférieures ! », bref le premier éveil de ce genre documenté dans ma bibliothèque mentale. Je n’y avais jamais pensé, c’était donc l’occasion de le faire.

Hé bien, la réponse que je trouve m’a étonnée. Parce que j’étais vraiment super jeune, je devais avoir 9 ou 10 ans. Alors disclaimer d’usage : on ne sexualise pas les enfants, et on n’utilise pas de possibles sensations de désir confus pour en profiter ou justifier l’injustifiable, sérieusement. C’est évident, mais je crois qu’on ne perd jamais de temps à le répéter.

Sur le coup, je ne savais d’ailleurs pas bien de quoi il s’agissait, dans ma tête de petite fille j’avais eu un coup de foudre. Comment expliquer autrement cette pulsion quasi obsessive pour un parfait inconnu ?

C’était un garçon, il s’appelait Pierre. Voilà l’intégralité des informations que j’ai pu connaître sur lui. Je me souviens de son prénom pour une raison très simple : j’aimais beaucoup chanter « ne pleure pas Jeannette », étant petite, et ma cousine me l’a chanté pendant des JOURS en insistant bien lourdement sur « je veux mon ami Pierre ». Je vous jure que c’est pas du tout parce que je me souviens de tous les gens pour qui j’ai eu un genre de crush, hein Sylvain de maternelle ? (Il m’a fait un bisou, lui, c’est pas pareil, comprenez.)

Bref ouais, Pierre. Je l’ai vu une fois… Peut-être deux. C’est pas bien important, au final.

Ce jour-là, ma cousine me tannait avec un certain… Je ne sais plus, un prénom américanisant genre Steve. Elle insistait lourdement pour que je le vois, il était si beauuuu, si incroyaaaable… Et j’avais la flemme. Je m’en foutais totalement, je n’étais pas vraiment dans le mood « les garçoooons » (d’autant que ça ne serait jamais seulement « les garçons »). Je voulais juste qu’on reste tranquilles à jouer, mais elle était tenace. Alors je l’ai suivie, prête à rencontrer ce fameux Steve. On se rend donc chez un ami de la famille (à environ 40 mètres à pieds, hein, de l’autre côté d’une petite place de village), et là je vois plein de jeunes majeur.e.s un peu partout : dehors, dans les pièces, tout un TAS. J’avais l’impression de mesurer 15cm de haut et d’être perdue dans une foule. D’ailleurs, l’ami de la famille était à priori introuvable.

Enfin, en arrivant dans le salon, ma cousine m’arrête. « C’est luiii ! » dit-elle en me montrant un jeune mec plutôt petit, typé « surfeur californien », bronzé et torse nu avec les cheveux blonds et mi-longs. Un cliché, juré, je le vois encore si je me concentre.

Je me dis, sans le lui dire évidemment, « tu as des gouts super chiants, en fait. » Et elle fonce comme une balle pour aller sur ses genoux. Avec le recul, je me dis qu’il devait se demander pourquoi cette gamine le collait autant. Désolée pour elle, Steve, elle a toujours été un peu gênante.

Mais osef de Steve, si j’ose m’exprimer ainsi. Parce que, surgissant d’un couloir, arrive cet autre petit mec. Enfin, petit… Facilement une tête de plus que le premier, tout fin, brun, avec des lunettes rondes à la Harry Potter (nan mais c’était pas encore sorti, hein, je vous vois venir). Je ne sais pas, à ce jour, ce qui a disjoncté chez moi mais j’ai pris 10 degré en 1 secondes. Il a demandé un truc au petit blond, aucun souvenir de quoi, avec une voix super douce et basse.

Ma cousine a ensuite décidé de me le présenter, il m’a dit quelque chose et je suppose que j’ai répondu par autre chose qu’un couinement. Mon cerveau était aux abonnés absents, de toute façon. Les mots ont totalement disparu du souvenir. Mais au final, c’est pas très important.

Ce qui est notable, c’est que pendant de longues journées je n’ai pensé qu’à lui. C’était un enfer, vraiment, j’étais totalement obsédée par son souvenir et je ne savais pas quoi faire de cette sensation envahissante. J’avais déjà eu des « amoureuxes », et je ne savais même pas comment définir ce nouveau sentiment par rapport à ces vagues… Je ne sais même pas que ce c’était. Des inclinations ? Le truc enfantin qu’on ressent quand on a des amoureuxes, quoi. Si on avait eu accès à Internet à l’époque, c’est clair que j’aurais cherché ses profils partout tellement il m’avait laissé une forte impression. Tu as eu de la chance qu’on soit né.e.s il y a longtemps, Pierre.

Il me semble l’avoir revu quelques jours après, puis iels sont toustes partis. Et voilà, c’était la fin de ce crush monumental et destiné (fort heureusement et bien évidemment) à l’absence de réciprocité, et fin de cet étrange sentiment qui m’avait retourné la tête pendant des jours. En tout cas, fin jusqu’à ce qu’un jour autre jeune garçon monte dans un bus, et que moi aussi j’ai, finalement, des goûts super chiants. Ça allait prendre au moins 2 ans pour que je revive cette sensation, quand même. C’est également pour ça que je m’étonne d’avoir ressenti ce truc tellement puissant et qui m’était étranger (et clairement incompréhensible) à ce moment-là, sans que ça recommence avant si longtemps. Et j’aimerais presque retrouver ce « Pierre » pour savoir si c’était lui qui était vraiment une bombe atomique au point de faire vriller une petite fille ou si c’était juste un premier pic hormonal déconnecté de mon évolution générale. Je n’ai même pas connu son nom de famille, jamais je ne saurais qui c’était… HashtagHistoireTriste.



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