Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Les anecdotes, #11 : Yoann

Temps de lecture estimé : 5 minutes

CW : baiser imposé

Vous vous souvenez de l’histoire du scorpion ? J’avais dit que j’en reparlerai, et c’est donc aujourd’hui. Je n’ai pas gardé que des bons souvenirs de ce séjour, notamment parce que celle qui était mon amie avait définitivement plongé dans l’adolescence, et que mon année de moins me laissait un peu en sur le bord de la route. La distance géographique avait également engendré une distance amicale que rien n’allait plus jamais réparer. C’était la fin d’une époque, la fin de mon enfance et le moment où j’ai, moi aussi, basculé dans le grand bain, ou plutôt le bain des grands.

J’ai également eu l’occasion de me faire une belle peur dans une feria, alors qu’en fin de soirée un mec vraiment âgé (par rapport à nous, il devait avoir quand même 40/45 ans minimum) et bien évidement complètement torché a commencé à agresser ma copine (de 13 ans grand max, hein.) Heureusement, nos parents étaient à proximité et ça a failli finir en très grosse crise diplomatique (autrement appelée « baston »). J’étais déjà un peu insécure dans les fêtes de village, ça a achevé de me dissuader d’en fréquenter.

Mais surtout, il y avait ce sale petit con. Yoann.

C’était une connaissance de ma pote, mais pas vraiment un ami. Il avait l’air de crusher sur elle (il faut dire qu’elle était incroyablement cool), et elle savait utiliser ça à son avantage. Il réalisait ses quatre volontés à la vitesse de la lumière. C’est pas bien, certes, mais ça ne me regardait pas vraiment. Je n’étais que de passage.

On avait le même âge, mais il avait une sorte de mulet qui lui donnait l’air de sortir directement des pires heures des années 80. Je suppose qu’il était blond, mais « cendré » n’a jamais été aussi approprié vu que quand je me souviens de lui, je visualise ses cheveux quasiment gris.

Seconde impression, après le côté anachronique : le petit était gentil. Tout doux, tout timide. On est sortis plusieurs fois en groupe, ma copine me présentant à plein de monde (dont un fils de richou qui vivait littéralement dans un château. Genre, sa chambre, entièrement dallée de pierre, devait faire 70m². Un truc totalement invraisemblable…)

J’ai vite capté qu’il se passait quelque chose avec Yoann : il me collait dès qu’il pouvait, s’asseyait à côté de moi, et je pense qu’il avait avoué quelque chose à ma copine parce qu’elle souriait chaque fois qu’elle le voyait tenter de se rapprocher de moi. Bon. J’ai donc pensé : Peut-être est-ce un crush, ou peut-être qu’il a compris qu’il n’a aucune chance avec la pote et qu’il se dit qu’il y a un truc à tenter. Pour moi, c’était même pas envisageable. J’avais déjà la tête dans mon passage en 6ème, perdu toustes les copaines de primaire, vraiment j’avais autre chose à penser et il était juste… Fade. Et relou.

Alors il a fait ce qu’il pouvait pour se faire remarquer mais plus ça allait, pire c’était, j’avais juste envie qu’il me foute la paix… Bien entendu, il trouvait le moyen de s’incruster presque tous les jours. Et chaque jour, il fallait lui faire la bise, parce que c’est comme ça qu’on fait par ici, allons ! L’art de vivre du sud, tout le monde est si tactile, blah blah blah.

Hooo oui, vous le sentez le guet-apens ? Un jour, donc, je lui faisais la bise avec la même répugnance que d’habitude, et COMME PAR HASARD VRAIMENT C’EST INCROYABLE il a dévié sa route au dernier moment pour me faire un smack (on était petits, je rappelle, et c’était genre mon deuxième). Et là, quelque chose a basculé. J’ai reculé d’un pas pour mieux le toiser, et je lui ai dit froidement « plus jamais ça. » J’étais évidemment en colère, mais aussi dégoutée parce qu’il avait fait ça devant tout le monde et que ça me gênait horriblement. Et bien sûr, c’était apparemment extrêmement drôle, les gens présents ayant chacun.e un commentaire à faire. Fallait pas le prendre comme ça, holala, c’était si mignon hihihi. Génial.

Alors je ne sais pas comment poser les termes, mais quel que soit l’âge c’est pas ok de faire un baiser sur la bouche à une personne qui n’en a pas envie. En fait. Le fait que ce soit des enfants ne rend pas les choses magiquement mignonnes. J’aurais bien aimé qu’on le reprenne pour lui expliquer ça, plutôt que de minimiser le problème. Comment voulez-vous que les enfants fassent confiance aux adultes, franchement… Si jeune, et déjà j’étais obligée de me débrouiller seule pour dégager un relou. Et après ça te sort des grands « pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? » en grandissant. Tsss.

Quoi qu’il en soit, je ne lui ai plus adressé la parole et, conséquemment, la bise c’était fini. J’espère très sincèrement qu’il a appris ce qu’était le consentement entre temps, et qu’il s’est amélioré en grandissant. De mon côté, j’avais déjà une forte répugnance à faire la bise et cette histoire ne m’a pas vraiment aidée, donc j’esquive dès que possible. Arrêtez d’obliger les gens à vous embrasser, c’est malsain si c’est pas spontané. Mais c’est un autre sujet…

Aussi, encore et toujours : éduquez vos garçons. Apprenez leur que leur volonté ne surpasse pas celle des autres, et qu’en cas de refus il faut apprendre à gérer la déception. Si on pouvait éviter de fabriquer encore plus de petits agresseurs en puissance, ça serait pas mal ! Vraiment, je ne demandais pas la lune sur l’instant, juste que quelqu’un lui dise « ça, c’est pas acceptable ». Ça aurait fait une énorme différence.



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