Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Les anecdotes, #16 : C’line Dion

Temps de lecture estimé : 5 minutes

J’avais envie de revenir à une certaine légèreté dans mes anecdotes, pour aérer un peu. Sauf que bon, ce genre de choses (les bonnes) arrivent rarement dans ma vie… J’ai creusé, et j’ai trouvé une histoire un peu mim et un peu marrante.

Aujourd’hui je m’en viens donc vous raconter mon anecdote québecoise. Et oui, malgré tout mon désir de ne pas tomber dans les clichés, il va être question de Céline Dion. Mais reprenons du début.

Durant mon année de CM2, mon institutrice (une femme formidable, au passage, c’est aussi elle qui m’a envoyée au parlement des enfants) avait mis en place un projet titanesque : envoyer notre classe au Québec. Un voyage bien lointain pour une petite classe de primaire perdue au milieu de nul part. Elle a donc démarché des sponsors (on a vendu du pain Jacquet à toute la mif, croyez-moi), organisé des tombolas, elle a vraiment tout donné cette année-là (en plus de continuer à nous faire cours, évidemment, et de façon magistrale). Je me suis rendue compte seulement en grandissant à quel point ça avait dû être difficile à organiser, toutes les choses auxquelles il avait fallut penser, et je n’ai jamais cessé d’admirer son dévouement à ses élèves. Elle aura toujours une place spéciale dans mon petit cœur de pierre.

Le truc le plus incroyable, finalement, c’est qu’elle a réussi. En un an. Alors que personne n’y croyait. On a eu l’argent, tous les papiers étaient en ordre, et le voyage a donc été prévu pour octobre de l’année suivante. Dommage pour les CM2 qui passaient en 6ème, mais elle s’est aussi arrangée pour que nous puissions avoir une absence exceptionnelle d’une dizaine de jours à nos collèges respectifs. Une femme fantastique, vous dis-je.

Le plus simple a été d’organiser des duos de correspondant.e.s, et de nous faire vivre chez elleux le temps du voyage. Ce « jumelage » a été fait avec une petite école, l’école de Notre-Dame-du-Mont-Carmel (celui qui est à côté de Trois-Rivières) (Je précise parce qu’il y a genre 400 écoles qui s’appellent plus ou moins pareil) (C’est quoi le mont carmel ? Pourquoi il a une dame ? Pourquoi elle est partout ? Tant de mystères).

Je ne vais pas tout raconter par le détail (déjà je ne me souviens pas de tout, hélas) mais c’était vraiment génial, l’automne avait rendu les arbres rouges et c’était splendide. On a visité pas mal de choses, on a gouté un truc IMMONDE à la « cabane à sucre » (je me souviens seulement que c’était une soupe) (et qu’un copain avait mis du sel dans son verre d’eau pour whatever reason), on a été voir une sorte de… Je ne sais plus exactement, j’ai super peur de manquer de respect à des gens à cause de mes souvenirs flous alors je vais potentiellement dire de la merde, mais je crois que c’était une sorte d’exposition sur les natifs américains, et quelqu’un nous a raconté des légendes locales. Un énorme kiffe ! On accompagnait aussi notre correspondant.e à l’école, et c’était assez étonnant de voir des cours donnés en français et en anglais (alternativement, hein, pas les deux en même temps).

Mais le mieux, c’était : la famille. Ma correspondante était un peu spéciale, très froide et pas franchement sympathique, mais ses parents étaient des petits sucres. C’était vraiment la vie de banlieue américaine comme on se l’imagine, en fait : la petite rue tranquille au maisons standardisées, la maison spacieuse, sur un étage (avec un sous-sol transformé en… Man cave, je ne sais pas le dire autrement. Le daron aimait bien la muscu), le couple semblait avoir une bonne dynamique et être très à l’écoute l’un.e de l’autre, et iels m’ont emmenée faire des trucs absolument pas prévus avec le groupe scolaire durant le week-end. On a notamment été dans un centre commercial qui me semblait hallucinant (il y avait une grande roue à l’intérieur, non mais si c’est pas de la démesure je ne sais pas ce que c’est !).

Et donc, on y vient, la maman était une fan absolue de Céline Dion. Elle avait TOUT. TOUT. C’était vraiment son gros kiffe, et moi qui connaissait à peine (à part « pour que tu m’aimes encore », qu’on chantait en primaire entre fiiiilles), j’ai eu la … la chance, disons, de découvrir ses anciens albums. Pour vous dire, j’ai eu un cadeau tout à fait touchant en repartant : des copies de tous les albums sortis à ce moment, en cassette, et avec l’impression de la pochette pour chacun. Alors bon, oui, j’ai eu rapidement ma dose de Céline Dion mais c’était tellement gentil, elle y avait passé tellement de temps, comment ne pas être touchée ? Inconvénient : j’ai écouté assez longtemps pour connaître ses chansons par cœur, jusqu’à environ la sortie de Titanic. Et ça reste, si jamais vous vous demandez. Genre parfois je suis là, je vis ma vie, et soudain « on ne changeuuuh paaas… ». On doit apprendre à vivre avec nos traumas, que voulez-vous.

Clou du spectacle, on est allé dans un « restaurant Céline Dion ». Je ne sais pas si vous connaissez, mais de toute évidence elle avait investi dans une chaîne de restaurants type vieux diner (non, pas « dîner », « daïneur »). L’ambiance était très années 60, avec une palette verte et rose, sans parler des bandes de carreaux en noir et blanc sur les murs. Je ne me souviens pas dans quel établissement précisément, mais c’était exactement ce genre déco :

Photo de l'intérieur d'un restaurant, correspondant à la description donnée un peu au dessus. On voit également un jukebox dans le fond de la pièce.
De toute évidence, je me souviens des mauvaises couleurs, on dirait que ça n’était pas rose mais rouge. Peu importe, ce qui compte c’est le milkshake le plus énooooorme que j’ai jamais vu de ma vie. Je n’ai même pas pu le terminer.

Bref, ce séjour m’a laissé d’excellents souvenirs, même si j’avais souvent un peu froid. C’est d’ailleurs chez elleux que j’ai découvert les draps en flanelle et ma vie a changé à tout jamais…

Ce qui est dommage, cependant, c’est d’avoir totalement perdu la trace de cette famille. Je me souviens que ma correspondante avait le même prénom que moi, mais comme elle ne semblait pas super motivée à l’idée de maintenir la correspondance, leur adresse a disparu dans les méandre du temps. J’espère qu’iels vont toustes très bien, j’en garde vraiment un tendre souvenir.



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