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(TW Validisme extrême, avec fantasmes infanticides. Vraiment, faites attention, c’est hardcore.)
Je lis beaucoup, même si je parle rarement de mes lectures. On pourrait même dire que je lis « de tout », parce que franchement j’ai parfois l’impression de bouffer à tous les râteliers. Cela dit j’ai quand même des thèmes de prédilection, notamment du côté des « non-fictions », et ce sont surtout le féminisme, les queer studies et… Le handicap, fort logiquement. Surtout des essais de socio, ou des documents, parfois vraiment difficiles à lire parce qu’une des tristes constantes des sociétés humaines c’est de nous maltraiter. Je me documente, j’apprends, pour être mieux armée face au monde qui m’entoure. Je lis aussi des adelphes sur internet qui racontent leurs expériences, leurs joies, leurs coups de gueule, et parfois avec un humour terriblement noir. Pourquoi cette précision sur l’humour ? Vous allez bientôt comprendre.
En revanche, j’évite en général les romans, pour des raisons évidentes : les personnages sont souvent caricaturaux, ou destinés à ajouter du pathos, bref pas le genre de choses que j’ai envie de lire. On mérite de meilleurs rôles qu’être des éléments dramatiques dans la vie d’autres personnes, n’est-ce pas. J’évite aussi les « témoignages poignants » écrits pas des parents. « Ouin ouin, pourquoi tu dis ça, les parents souffrent aussi de devoir subir un terrible malheurs en la présence d’un enfant ANORMAL ». Oui, personne fictive dont j’invente une ligne de dialogue, c’est bien le cœur du problème. Généralement, ce genre de récit dégouline d’égocentrisme, de souffrance surjouée et, au final, d’une tonne de validisme.
Cependant.
(Vous le sentez, le « cependant » lourd de sens ?)
A force de recommandations randoms sur internet, j’ai touché au classique « Où on va, papa ? » de J.-L. Fournier, sorti en 2008, en partie parce que c’était court (idéal pour une nuit de gastro, par exemple, il vous accompagnera parfaitement pendant vos pauses toilettes car, in fine, telle est sa place). (Oups, j’ai bien peur d’avoir spoilé mon avis, qui aura envie de lire la suite maintenant ?)
Pour être tout à fait honnête, je savais dès le résumé que ça puait. Extrait du résumé officiel :
« Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait: rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j’ai bénéficié d’une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j’ai pu rouler dans des grosses voitures américaines. »
Si vous découvrez l’auteur, sachez qu’il aime placarder partout avoir travaillé avec Desproges, et donc être, par conséquent et par absorption du talent via proximité, un maître de l’humour noir. Ce que vous lisez ici est donc, selon l’auteur et beaucoup de critiques, de l’humour noir. Et ok, j’accepte parce que je suis sympa. En revanche, j’ai quand même une question capitale à poser : qui parle comme ça de ses propres enfants ? Et surtout, en public ? Je suis une grande adepte de cette forme d’humour, que j’ai tendance à appeler « l’humour du désespoir ». Ho oui, je ris de la guerre, de la fascisation grandissante, de la planète qui meurt. Avec un public choisi, et dans des termes qui ne laissent aucun doute sur mon intention. C’est exactement là que naît l’humour noir : quand des choses horribles et sur lesquelles on n’a aucune prise arrivent autour de nous, et qu’on ne peut que trouver un moyen de le surmonter, parce qu’il le faut bien. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas d’autres formes, mais vous saisissez l’idée. Selon cette définition personnelle, et étant donné que l’auteur considère la naissance de ces deux enfants comme des « fins du monde » (sic), je comprendrais son besoin de faire de l’humour sur sa situation, hypothétiquement. En revanche, jamais, mais alors jamais, je ne parlerais aussi mal d’une personne qui m’est proche, et que j’aime. Bon, de n’importe qui non plus, de manière générale, et spécifiquement d’une personne handicapée parce que c’est, ça alors, de l’humour oppressif. Et dans le cas présent, des personnes qui n’ont visiblement jamais eu les capacités de se défendre contre « l’humour » de leur père, ni même de le comprendre. Je trouve ça d’une inacceptable cruauté, pour être honnête.
En lisant les critiques positives du livre, l’argument de l’humour noir est revenu en boucle, avec l’inévitable « il ne plaira pas aux bien pensants », les classiques des… enfin… vous savez qui. Le genre de personne qui a l’impression d’être tellement subversive alors qu’elle marche dans des chemins si profonds qu’on ne lui voit pas les oreilles. Mais encore une fois, ok, admettons. C’est de l’humour bas de plafond (rire des handicapés, vraiment, on n’a jamais vu ça avant !), ça fait rire les cons. Oups, j’ai jugé, je m’en excuse. Ce qui dépasse sincèrement mon entendement, c’est qu’on parle comme ça de gens qu’on est supposé aimer… Ou, au moins, envers qui on a un peu d’affection. Je suis peut-être une petite chose sensible, mais ça me tord un peu le bide de voir qu’on puisse parler ainsi de ces deux personnes qui n’ont jamais demandé à venir au monde, et sont tombées sur ce genre de père. Père qui dit textuellement, dès la première page du livre : « Je n’ai pas été un très bon père. Souvent je ne vous supportais pas, vous étiez difficile à aimer. Avec vous, il fallait une patience d’ange, et je ne suis pas un ange. » M’kay. C’est la seule fois où il parlera d’amour, et les termes ne laissent pas vraiment de place au doute.
Ho, pardon, vous pensez peut-être que j’en fais trop pour une blague maladroite, mais c’est parce que j’ai encore mis la charrue avant les bœufs. Revenons sur le texte, voulez-vous ? Le texte, donc, très court, qui n’est que la plainte saccadée (de courtes anecdotes sans queue ni tête, toujours centrée sur le ressenti paternel) et incohérente d’un pauvre homme qui a reçu un enfant défectueux, et pire encore, un second par la suite. Là, c’était trop pour lui, il voulait des enfants normaux ! Et donc, dépassé par le ressentiment, il passe environ 150 pages d’un beau papier innocent (ok je ne l’ai pas acheté, et surtout pas au format papier, quel gâchis) à se plaindre de cette terrible injustice, et nous dire à quel point il a souffert, et que ses enfants sont vraiment nuls parce qu’il ne savent pas lire, et qu’il ne pourra pas leur faire écouter je ne sais quel opéra chiant (Super JL, ça s’appelle l’expérience parentale classique, il y a beaucoup de gens qui n’ont ni le temps ni l’envie de farcir la tête de leurs enfants de leurs propres références de petit bourgeois). Quand il ne souhaite pas, à mots pas tellement cachés, qu’ils meurent, tout simplement.
Certes, c’est un résumé un peu brutal. Mais c’est ce que j’ai lu, j’y peux rien. Et je n’ai aucune, mais alors AUCUNE empathie pour ce mec, qui a carrément effacé la mère des enfants de son récit. Récit qui brouille astucieusement les lignes en se présentant comme un roman, mais quand même une autobiographie, mais pas trop, juste un peu, et qui nous donne l’impression de lire de vraies anecdotes (pourquoi en inventer ? Ce récit n’a pas du tout une structure de roman, si les anecdotes sont fictionnelles elle n’ont aucun intérêt ni but en tant que telles, autant ne pas les écrire) avec de vrais sentiments de colère et de dégout mal maquillés sous un mascara bien noir. J’ai envie de croire que l’auteur n’est simplement pas si bon pour manier l’humour et qu’il s’est contenté de bricoler un petit machin pour heurter les sentiments des autres tout en vidant son sac, ce qui a donc à l’époque été évidement encensé pour les raisons habituelles (le courage, le cynisme, holala Desproges haaan oui continuuuue, l’audace…). Au risque de revenir dessus, c’est vraiment étonnant à quel point les textes dits « subversifs » sont généralement applaudis par la critique et le grand public. Incroyab’. Kilucru.
Poussée par mon esprit curieux (et surtout masochiste), j’ai lu quelques (= trop de) critiques positives. Ce qui ressort beaucoup, c’est la joie de pouvoir se moquer de deux personnes handicapées avec la bénédiction de leur père. C’est sale. Je ne sais pas comment le dire autrement. J’ai l’impression d’avoir lu l’équivalent littéraire d’une foule qui achète un billet pour jeter des tomates pourries aux monstres. Le fait que le spectacle soit organisé par le père donne un bonus +10 au malaise.
Vous ne me croyez pas encore, je sens qu’il faut un extrait incontestable, le genre d’extrait qui ne laisse vraiment AUCUNE place au doute. Attention, même si il y a un TW en haut de l’article c’est vraiment, vraiment, vraiment atroce à lire. Il faut donc dérouler la citation si vous vous sentez capable de le lire, jamais je laisse des propos pareils visibles…
« J’ai pensé que, quand ils seraient grands, j’allais leur offrir à chacun un grand rasoir coupe-chou. On les enfermerait dans la salle de bains et on les laisserait se débrouiller avec leur rasoir. Quand on n’entendrait plus rien, on irait avec une serpillère nettoyer la salle de bains. J’ai raconté ça à ma femme pour la faire rire.«
Voilà. Et je crois que, vraiment, outre le choc de la « blague » en elle-même, ce qui me foudroie c’est la fin. « J’ai raconté ça à ma femme pour la faire rire ». Une des rares fois où il en parle, d’ailleurs. Tu m’étonnes qu’elle soit partie. Franchement, à quel point il faut être… Ok, laissez moi un respirer instant parce que je sens que je risque d’être vulgaire. Et ça ne se fait pas de traiter des inconnus de raclures de fond de pissotière publique, enfin je crois. Alors je vais éviter.
Donc, disais-je, je suppose qu’il faut avoir oublié son empathie au fond d’un placard pour dire un truc pareil à une maman sur ses enfants. Et si, SI, l’anecdote est fausse, alors… Doujézu pourquoi. Pourquoi. Pas de vanne, hein, vraiment qu’on m’éclaire sur l’intérêt d’être aussi dégueulasse et méchant en parlant de ses petits sans raison particulière autre que leur différence.
Bref. Je sais que le livre est déjà vieux, et que tout cela n’a finalement plus d’importance. Mais je ne l’avais pas lu, d’ailleurs je n’avais jamais rien lu de cet auteur. Ce qui est certain, c’est que je ne lirais jamais rien d’autre, merci bien. J’ai vu qu’il avait écrit un livre sur son deuil suite au décès de sa seconde femme, et j’ai eu des frissons à l’idée de ce qu’il pourrait contenir. D’ailleurs, parce que vraiment c’est à mourir de rire, le résumé de cet autre livre se conclut par « J-L Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui. » C’est une constante, le mec étouffe si il ne parle pas de lui même quand il est supposé parler de son épouse décédée. Aaaah les Grands Auteurs Français, hein, j’ai pas raison ? Wink wink. Bref².
Au risque de finir ce coup de gueule par une opinion très controversée holala attention : arrêtez de vous croire drôle quand vous êtes juste horribles avec les gens, sans le moindre recul. Vous ne l’êtes pas. C’est pas bien, et ça fait de vous de mauvaises personnes. C’est une vérité difficile à accepter, j’imagine bien, mais oui, c’est méchant. Et être méchant, ça n’est pas bien. Sans oublier que, plus sérieusement, ça contribue à ce que des gens se sentent autorisés à faire du mal aux autres, parfois jusqu’à l’irréparable.
Autre opinion controversée, peut-être réellement cette fois : les parents d’enfants handicapés, lààà… Taisez-vous. J’en peux plus de n’entendre que vous, de ne lire que vous. Vous n’êtes pas courageux·ses parce que vous vivez avec des enfants « anormaux » (c’est le mot choisi le plus souvent par JL Fournier dans son livre, d’ailleurs, parce qu’il n’aime pas « handicapé ». Visiblement, « anormal » c’est mieux selon lui…Hm.). Je plains surtout vos enfants d’avoir des parents à ce point normaux, normaux au point d’avoir intégré que pour ne pas être marginalisés par la société il fallait jouer à fond le couplet du terrible fardeau de devoir supporter ces enfants, « holala, croyez bien que si on avait eu le choix on les aurait renvoyé au SAV mais c’était pas possible, snif, pardon les gens, on est si tristes de vous imposer ça mais c’est encore plus ou moins illégal de les tuer, vous comprenez… » (Oups pardon, de l’humour noir ! J’ai oublié un instant que c’était réservé aux dominants, scuzez). Bordel, vous n’êtes pas des saint·e·s parce que vous faites ce que les gens sont supposés faire : prendre soin des plus jeunes et des plus fragiles. C’est juste NORMAL. CE SONT VOS ENFANTS. AAAAAAAAAAAAH.
(Inhale. Exhale. Fffff.)
Et je me fous qu’à certains moment, JL Fournier fasse une micro envolée vaguement poétique, c’est pas pertinent sous cette masse d’horreurs ininterrompues. Vous ne me croyez pas ? Allez, je vous laisse ici quelques morceaux choisis, pour le « plaisir »… La sélection a été difficile, chaque anecdote disputant à la précédente sa place de « pire saloperie jamais dite sur ses propres enfants ». Encore une fois je les cache sous la balise, cliquez pour lire le texte si vous vous en sentez capable. C’est vraiment…. Dégueulasse.
« Je ne sais plus très bien où on va, mon pauvre Thomas. On va à vau-l’eau. On va droit dans le mur. Un enfant handicapé, puis deux. Pourquoi pas trois… Je ne m’attendais pas à ça. […] On va prendre l’autoroute, à contresens. On va en Alaska. On va caresser les ours. On se fera dévorer. On va aux champignons. On va cueillir des amanites phalloïdes et on fera une bonne omelette. » (et la liste de toutes les façons dont il imagine tuer ses enfants continue encore, mais j’ai la flemme, c’est trop et ça ne sert à rien de tout citer.)
« Si un enfant qui naît, c’est un miracle, un enfant handicapé, c’est un miracle à l’envers » (Pardon, je cherche la trace d’humour noir dont on m’a tant parlé, dans cette phrase.)
« Je me souviens d’avoir confié à des amis que, cette fois, je me rendais compte de ce que c’était d’avoir un enfant normal« .
« là-bas, dans la foule, les processions, la nuit, je risque de les perdre et de ne plus jamais les retrouver. Ce serait peut-être ça, le miracle ?«
« Il y a ceux qui disent : « Je l’aurais étouffé à la naissance, comme un chat. » Ils n’ont pas d’imagination. On voit bien qu’ils n’ont jamais étouffé un chat.
D’abord quand un enfant naît, à moins d’avoir une malformation physique, on ne sait pas forcément s’il est handicapé. Mes enfants, quand ils étaient bébés, étaient très proches des autres bébés. Comme eux ils ne savaient pas manger tout seuls, comme eux ils ne savaient pas parler, comme eux ils ne savaient pas marcher, ils souriaient parfois, surtout Thomas. Mathieu souriait moins…
Quand on a un enfant handicapé, on ne le découvre pas toujours tout de suite. C’est comme une surprise.
Il y a aussi ceux qui disent : « L’enfant handicapé est un cadeau du Ciel. » Et ils ne le disent pas pour rire. Ce sont rarement des gens qui ont des enfants handicapés.
Quand on reçoit ce cadeau, on a envie de dire au Ciel : « Oh ! fallait pas… » » (Au passage, ceci est un chapitre entier, pour vous donner une idée de la teneur et la longueur des anecdotes relatées, hein)
« Des efforts sont actuellement faits pour permettre l’intégration des handicapés sur le marché du travail. Les entreprises qui les engagent ont droit à des avantages fiscaux et des abattements de charges. Quelle bonne initiative. Je connais, en province, un restaurant qui fait travailler de jeunes débiles légers pour le service, ils sont touchants, ils vous servent avec une bonne volonté infinie, mais attention, évitez les plats en sauce, ou alors mettez un ciré. » (Ben oui, le validisme ne s’arrête pas à ses propres enfants, faut en faire profiter les autres aussi !)
« Notre album de photos de famille est plat comme une limande. On n’a pas beaucoup de photos d’eux, on n’a pas envie de les montrer. Un enfant normal, on le photographie sous toutes les coutures, dans toutes les postures, à toutes les occasions ; on le voit souffler sa première bougie, faire ses premiers pas, prendre son premier bain. On le regarde, attendri. On suit pas à pas ses progrès. Un gosse handicapé, on n’a pas envie de suivre sa dégringolade. »
« Je me souviens, une fois, sur la route, avoir eu la tentation de leur parler comme un père parle à ses enfants qu’il est allé chercher au collège. J’ai inventé des questions sur leurs études. « Alors, Mathieu, ce devoir sur Montaigne ? Qu’est-ce que tu as eu comme note à ta dissertation ? Et toi, Thomas, combien de fautes à ton thème latin ? Et la trigonométrie, comment ça se passe ? »
Pendant que je leur parlais de leurs études, je regardais dans le rétroviseur leurs petites têtes hirsutes au regard vague. Peut-être que j’espérais qu’ils allaient me répondre sérieusement, qu’on allait arrêter là la comédie des enfants handicapés, que c’était pas drôle, ce jeu, qu’on allait redevenir enfin sérieux comme tout le monde, qu’ils allaient enfin devenir comme les autres… » (On touche là au cœur de l’obsession de la normalité. Il revient en boucle sur le fait d’être « comme les autres », incapable d’accepter l’unicité de chacun de ses enfants mais tout autant celle des autres, qui sont vus comme une masse d’ »enfants normaux » qu’il méprise et jalouse).
« J’avais un regard étrange sur les concours du plus beau bébé. Je ne comprends toujours pas pourquoi on félicite et récompense ceux qui ont des beaux enfants, comme si c’était de leur faute. Pourquoi, alors, ne pas punir et mettre des amendes à ceux qui ont des enfants handicapés ?
Je revois encore ces mères arrogantes et sûres d’elles, brandissant leur chef-d’œuvre devant le jury.
J’avais envie qu’elles le fassent tomber. » (Mais c’est de l’humour ok, pas du ressentiment ni de la jalousie.)
« Notre chance s’est appelée Marie, elle était normale et très jolie. C’était normal, on avait fait deux brouillons avant. » (Classe.)
« J’ai toujours adoré Hara-Kiri. Un moment, je voulais leur proposer une couverture. Je voulais emprunter à mon frère, élève à Polytechnique, son grand uniforme avec le bicorne pour le mettre à Mathieu, et le prendre en photo. J’avais pensé à la légende : « Cette année, le major de Polytechnique est un garçon. »
Pardon, Mathieu. Ce n’est pas de ma faute si j’avais ces idées tordues. Je n’avais pas envie de me moquer de toi, c’est peut-être de moi que je voulais me moquer. Prouver que j’étais capable de rire de mes misères. »
« Il ne faut pas croire que la mort d’un enfant handicapé est moins triste. C’est aussi triste que la mort d’un enfant normal. » (Celle là est, pour moi, une des pires. Je n’ai pas encore réussi à comprendre pourquoi mais ça me révolte qu’il se sente obligé de préciser qu’il est quand même un peu triste de la mort de son enfant… Mon cœur s’est brisé en mille morceaux.)
« Le papier a jauni, mais on arrive très bien à lire, écrit en anglaises, que nous avons la joie de vous annoncer la naissance de Mathieu, puis de Thomas.
Bien sûr que ce fut une joie, un moment rare, une expérience unique, une émotion intense, un bonheur indicible…
La déception fut à la hauteur. »
« Certainement que vos enfants sont les plus beaux du monde, les plus intelligents. Les miens, les plus moches et les plus bêtes. C’est de ma faute, je les ai loupés. »
« J’aurais bien aimé avoir des enfants dont je sois fier. Pouvoir montrer à mes amis vos diplômes, vos prix et toutes les coupes que vous auriez gagnées sur les stades. On les aurait exposées dans une vitrine dans le salon avec des photos où on nous aurait vus ensemble. » (Voilà pourquoi les gens font des enfants, alors ? Pour se vanter auprès des autres ? Une motivation très saines, dites donc !)
Respire
Quoi qu’il en soit, la maman de ces enfants (car elle existe) a publié une sorte de droit de réponse à l’époque de la sortie du livre. Hélas, le site n’est plus en ligne mais grâce à la magie d’internet (et surtout des archives, cœur cœur cœur), on peut encore lire sa réponse ici : Archives
Vous verrez notamment que l’auteur et la maison d’édition ont demandé des modifications sur le texte… Ce que je trouve, enfin… Disons que c’est l’ultime crachat sur la tarte à la gerbe. Mais cette dame remet les pendules à l’heure sur plusieurs sujets, et je trouve ça absolument capital.
Allez, j’ai eu ma dose de validisme violent pour aujourd’hui, il est temps de prendre une tisane pour décompresser…
PS : Je suis désolée si j’ai choqué des gens par ma virulence inhabituelle, mais imaginez bien que j’ai pensé BIEN PIRE. C’est juste trop violent, j’ai vraiment explosé, notamment après lecture de la 40ème critique positive du genre « je ne connais aucune personne handi mais je trouve ce texte super et merci pour l’humour nwaaaar, j’aime l’humour comme j’aime mon café : en grande quantité et de très mauvaise qualité ». Et voilà que je recommence… Pardon, donc. C’est pas très structuré, voire carrément brouillon, mais c’est à dire que je ne suis pas encore totalement immunisée à la colère.
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