Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Micro-entreprise et nom réel

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Ces derniers temps, nous sommes plusieurs autoentrepreneureuses à nous être interrogé.e.s sur les conséquences de l’obligation légale de donner notre nom et notre adresse dans les mentions légales/CGU de notre site web. J’avais lancé un sondage il y a une grosse semaine sur ce sujet, et il en est ressorti que l’écrasante majorité éprouvait la même gêne à donner ces informations, pour différentes raisons tout à fait légitimes. Il y a aussi eu des réponses, des pistes d’idées, bref j’avais envie de revenir dessus.

Tout d’abord, d’où me vient ce questionnement ? Lorsqu’une personne odieuse a été rappelée à mon « bon » souvenir, une autre chose m’a été rappelée au passage : les années de stalking en ligne. Il suivait tout ce que je faisais, et y réagissait parfois. C’était vraiment pesant, je ne pense même pas réussir à faire comprendre à quel point. Il saisissait chaque occasion pour me rabaisser, et tenter de maintenir un pouvoir malsain sur moi, bref c’est une période sombre. J’ai fini par changer totalement d’identité en ligne, afin que des recherches sur mes anciens pseudos ne permette pas de me retrouver. Lorsque j’ai ouvert ma boutique, ma première inquiétude a donc été : si on google mon prénom + nom, on va tomber directement sur la boutique, et de là c’est la voie royale vers mes réseaux. Avant cela, on peut dire que j’étais virtuellement invisible en ligne, même si on pouvait trouver un ou deux trucs, comme des participations à des Ulule. Rien de bien problématique ou de dangereux. Donc dans mon cas, le fait qu’on puisse trouver mon adresse n’était pas le plus gênant. De toute façon je vis au milieu des champs, alors ça ne serait pas super discret de se pointer chez moi… Le problème, c’était le nom.

J’entends bien quand on me dit « les gens motivés trouvent toujours », mais j’avais fait en sorte que ça ne soit justement pas possible… Ouvrir ma boutique était donc l’équivalent de renoncer à toutes ces protections que j’avais mises en place. J’ai décidé de le faire malgré tout en me disant « c’est loin, il est sans doute passé à autre chose », et ce faisant j’ai donc accepté de me mettre en danger pour être en adéquation avec les textes de loi. Charmante perspective, quand on y pense.

A l’occasion de ce sondage, j’ai entendu parler des autres options possibles, comme les services de domiciliation. Mais toutes ces options coutent de l’argent, et même si c’est peu c’est toujours un service que la plupart des mini AE ne peuvent pas s’offrir. Personnellement, je ne gagne déjà pas vraiment d’argent avec la boutique alors payer pour un service supplémentaire ne me convient pas du tout. Et de toute façon je doute que cet investissement réponde à ma problématique de base : ne pas vouloir qu’on tombe sur mon site en cherchant mon nom sur Internet. Et à moins qu’une information majeure m’échappe, j’y suis obligée (cela dit, grâce à une douce personne qui se reconnaitra, je considère la possibilité de me servir d’un nom d’usage… Cogitation en cours).

Mon problème principal, finalement, c’est que rien n’est prévu pour protéger les personnes qui se lancent en AE, à la base. Même trouver des informations sur la domiciliation demande des recherches un peu poussées, et quand on doit déjà comprendre l’intégralité des formalités à remplir pour avoir le simple droit de vendre quelque chose, on peut passer à côté. Sincèrement, ça me semble absurde. Quand je vois à quel point, de nos jours, on explique aux enfants qu’il ne faut jamais divulguer d’informations personnelles à des inconnu.e.s, et quand je mets ça en parallèle avec cette obligation légale de se mettre à poil sur le net (métaphoriquement… Pour le littéral, c’est pas disponible sur mon blog)… Il y a quelque chose de grotesque.

Je sais que le régime d’AE/micro entreprise a été bricolé à la va-vite, et qu’il est d’ailleurs encore parfois modifié. Hélas, pour beaucoup d’entre nous, c’est la meilleure option qu’on ait. Et c’est… Vraiment pas au point. On le sent bien dans ces nombreuses failles et autres incertitudes qui persistent un peu partout.

Bref, tout ça pour dire que j’ai eu l’impression de jouer à la roulette russe juste pour pouvoir me mettre en conformité avec la loi, et c’est pas le sentiment que j’aurais aimé ressentir. D’autant que j’ai peut-être déjà perdu sans le savoir, et cette perspective me hante un peu.



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