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J’en ai parlé rapidement dans mon post de nouvelle année, mais il y a actuellement plus de 1000 personnes qui me suivent sur le Fedi, sur mon compte principal. Woooow. C’est, pour moi, absolument vertigineux. J’imagine que ce que je dis peut faire rire les gens vraiment très suivis sur les réseaux, et je le comprendrais, mais c’est ce que je ressens. Je sais que les chiffres ne veulent rien dire, et d’ailleurs je n’ai pas de désir particulier vis-à-vis de ça. Je ne cherche pas à être forcément plus suivie juste pour une histoire de chiffre, mais seulement par les personnes que ce que je dis ou montre peut intéresser… D’ailleurs, je suis très contente d’être sortie de la sale ambiance d’autres réseaux, qui impliquait de façon peu subtile qu’il fallait être très suivie pour avoir droit au respect de base.
Non, ce que je veux dire c’est que ça fait beaucoup d’individus différents, tout ça. Et ça me tétanise parfois un peu.
Paradoxalement, ce « gros chiffre » (toute proportion gardée) ne devrait d’ailleurs pas me faire peur, dans la mesure où j’ai quitté Twitter avec plus de 4000 followereuses à l’époque. Et pourtant, ça n’a rien à voir.
Je cherche à comprendre cette différence, et j’ai l’impression qu’elle passe pour beaucoup par mon usage et ma manière de communiquer sur la plateforme. Sur Twitter, j’étais totalement focus sur l’aspect « boutique », je ne disais rien qui aurait pu être clivant (et tout l’était, là-bas… Une virgule mal placée et c’était la shitstorm). Sur le Fedi, j’ai l’impression d’être plus libre d’exprimer mes opinions, même les moins consensuelles (enfin ça va, je reste un bisounours !). Je n’ose pas toujours le faire, pour la simple raison que je n’invente jamais vraiment la roue et je m’auto-censure beaucoup en me disant « d’autres l’ont déjà dit, en mieux, alors qu’est-ce que je pourrais apporter… » Mais bon, je le fais quand même un peu, surtout quand j’ai envie d’appuyer les propos de quelqu’un. C’est important d’apporter du soutien, surtout aux gens qui expriment des idées de gauche. On est ensemble !
Par ailleurs, j’ai l’impression d’avoir autant d’interactions sur le Fedi en étant suivie par 10XX personnes que sur Twitter avec 4XXX, et même probablement plus. Sur ce nombre, j’imagine qu’il y avait beaucoup de bots, mais aussi de gens qui, entraînés par le nombre croissant, se sentaient obligés de me suivre pour une raison ou une autre. Et n’oublions pas les concours, souvent utilisés pour gagner en visibilité, qui étaient aussi un aimant à comptes pourris… Alors que j’ai organisé un seul concours sur le Fedi’, et la participation venait pour beaucoup des gens qui me suivaient déjà (et ça m’a fait sincèrement plaisir, parce que je n’ai plus envie de devoir trier les résultat pour éviter les « comptes à concours » et autres saloperies.)
Bref, je vais où avec ça… Je ne suis pas sure. Alors je continue, ça nous mènera peut-être quelque part.
J’ai très très peu confiance en moi. Inutile de revenir sur les causes, c’est pas pertinent ici. Il est quand même notable qu’en quelques années, j’ai trouvé des ressources que j’ignorais posséder, et je suis de moins en moins inquiète de l’opinion des autres (spécifiquement des gens qui pourraient me juger sur des conneries). J’ai d’ailleurs l’impression que ça a enclenché un cercle vertueux : plus je suis à l’aise plus les gens sont à l’aise d’interagir avec moi, plus d’autres personnes ont envie d’interagir aussi… Une sorte d’effet boule de neige positif.
Cependant, j’ai aussi constaté un effet négatif : 10XX c’est un gros chiffre sur le Fedi, je crois. Et avec les gros chiffres viennent les gens qui tombent du ciel, suivant un partage le plus souvent, et qui, heu… Qui se comportent comme des cons, disons. Oui, le terme est genré. J’ai jusque là échappé aux commentaires à côté de la plaque et au mansplaining, ça n’est désormais plus le cas. Quand je poste, je dois maintenant partir du principe qu’il y aura potentiellement un mec pour venir m’expliquer quelque chose que je sais, ou me donner des conseils non sollicités sous un vernis de bienveillance mielleuse. In-sup-por-ta-ble. J’en reparlerais plus tard, c’est pas le but de ce post (ok, il n’en a pas, mais j’ai déjà un brouillon sur le sujet pour dire la vérité). Mais c’est tout de même fâcheux, comme si, passée une barrière symbolique, tout le monde et son chien se disait qu’il est normal de se comporter comme un sale relou, c’est les risques du métier ma bonne dame. Bon, j’imagine que c’est juste une évidence statistique : plus des gens me lisent, plus des cons qui se sentent tout permis me lisent. Mathématique.
Relou, néanmoins.
J’ai aussi peur de commencer à avoir des « haters ». Jusque là je ne pense pas que ce soir le cas, où alors c’est discret, mais c’est une inquiétude que j’ai parfois… Par exemple quand j’ai un pouet à succès, et je me dis « ho non, les gens vont le voir apparaître 20 fois dans leur TL et vont me prendre en grippe, c’est SÛR ! ». J’espère très fort que non. J’aime pas qu’on me déteste.
Bref2.
Je ne suis personne sur le grand internet, une petite meuf qui fait ses trucs dans son coin. Je n’ai rien de particulièrement notable, je suis assez intelligente, assez cultivée, assez drôle… Mais pas plus que les autres. Rien ne me distingue, je ne suis pas non plus spécialement talentueuse en quoi que ce soit (et je ne dis pas ça pour avoir des compliments, c’est juste la réalité). Alors quand je pense que plus de 1000 individus vont potentiellement lire ce que j’écris ou voir les images que je poste, ça me fige un peu. C’est tellement de gens, tellement de caractères et d’aspirations différentes. Ça rend humble (non que j’ai besoin de ça, mais bon.) Il y a des personnes tellement plus talentueuses que moi sur ce réseau et j’ai ponctuellement réalisé que j’étais plus suivie que certaines de ces personnes que j’admire, alors ça fait bizarre. Entendons-nous bien, j’ai une idée de la raison et elle n’a pas grand-chose à voir avec mon travail : je crois que c’est simplement en participant activement à la vie locale et en échangeant régulièrement que les gens viennent. Et puis je suis toujours à la recherche de comptes à suivre, je m’intéresse beaucoup à ce que vous avez à dire et à montrer en général, alors je suis également beaucoup de gens. J’ai tendance à suivre dès qu’on me parle, en fait… Je ne sais pas pourquoi mais ça apporte une bonne dynamique, je pense.
Le plus dur, c’est que je ne veux rien changer à mon comportement, et continuer de répondre au gens avec toute mon attention et le maximum de bienveillance. Mais je sens tout de même que je commence à toucher la limite… Il y a des messages que je lis et qui se perdent, je n’arrive pas toujours à les retrouver. Ou bien il y en a trop d’un coup, et c’est compliqué de tout suivre. Sans parler des messages un peu ambiguës qui me font me demander si je dois y répondre gentiment ou pas… J’ai décidé d’une petite règle dans ma tête : tout le monde a droit au bénéfice du doute pour le premier message. Si il est un peu bizarre, il est probable que je réponde en plaisantant pour jauger l’intention derrière, et si il y a une nouvelle réponse du même ton que le premier message, je mute (« nan mais une brique c’est mieux qu’une bouillotte parce que c’est sans plastique hin hin » et sinon, tu la veux au travers du visage pour tester la différence fondamentale entre ces deux objets? Allez, chut maintenant.). Plus le temps. Et puis ça n’est pas à la personne qui reçoit un message de s’assurer que l’intention derrière était bonne en faisant une enquête de voisinage. C’est à la personne qui envoie, surtout si il n’y a pas eu d’interactions précédentes, de s’assurer que le message est bien pris pour ce qu’il est. Je passe peut-être pour une gourde avec mes messages qui contiennent systématiquement des emojis, mais j’ai besoin que mon intention soit limpide. Je n’en demande pas autant, évidement, mais un peu de rondeur dans les échange n’a jamais tué personne… C’est bien la rondeur, je sais de quoi je parle !
Bon, après il restera toujours des cas désespérés : je sais rationnellement que c’est pas volontairement méchant mais à force de me forcer à passer outre/excuser je sais que ça va coincer un jour. Pro tip pour interagir à long terme avec moi : évitez le splaining, évitez les conseils non sollicités, et évitez de me prendre clairement pour une gourde. Je sais reconnaître l’humour, je le pratique. J’ai aussi quelques neurones fonctionnels et, encore une fois, une culture générale tout à fait honorable. C’est pas parce que j’ai une perruque rose Barbie sur mon avatar que je suis stupide. Voilà, ça va sans dire etc etc. Sérieusement, 2025 et il y a encore des mecs pour s’étonner sincèrement que tu puisses calculer 2+2, sortez moi de ce cauchemar.
Bref3 (je vais bientôt faire un jeu à boire avec tous ces « bref »…)
J’ai aussi envie de parler des gens qui partagent régulièrement mes pouets, même sans me parler particulièrement : merci. Je vous vois, je reconnais les noms qui reviennent fréquemment dans les notifications, et sachez que plus que le nombre, c’est voir vos noms revenir qui me donne parfois la force de continuer à créer. Parfois, je me dis « ho, iel n’a pas partagé, est-ce parce qu’iel n’aime pas ? » et ça va presque me plonger en pleine crise existentielle… Évidemment je ne dis pas ça pour culpabiliser qui que ce soit, je plaisante, pas de panique ! Mais cela dit c’est quand même un peu sur ces informations que je me base pour savoir si ce que je fais est bien ou pas : si les « habitué.e.s » partagent. Je m’en fous que vous soyez très suivi.e.s ou peu, c’est pas une question d’audience : l’important c’est que je vous reconnais et que votre avis compte pour moi. J’ai peur de vous décevoir, et je me sens vraiment bien quand je vois « *Pseudo* a partagé votre message». Je sens presque une responsabilité morale à faire des choses qui vous plaisent, quelque part. C’est pareil avec la boutique : quand on me passe une commande, je suis ravie. Quand on revient m’en passer une autre, je touche les étoiles. Alors les habitué.e.s qui reviennent souvent, ça me donne envie de me rouler par terre de fierté, franchement. Je me dis que c’est incontestable, la partie de moi qui se dit que c’est une commande accidentelle n’a pas d’argument et est obligée d’admettre que vous aimez ce que vous avez acheté. Ça me remplit d’orgueil (bouuh un péché capital ! Ben il ira faire la queue avec gourmandise, paresse et luxure, hein).
… Je suis probablement ridicule, mais sachez qu’il est extrêmement tard (ou tôt pour la plupart des gens) et que vous avez ici un aperçu en direct de ce qu’il se passe dans mon cerveau, sans filtre. C’est confus, certes. Mais si vous lisez cette ligne précise et exactement actuelle, c’est que j’ai réussi à vous entraîner avec moi, AHAHAHAHAHAHAHAH ! Je suis machiavélique.
Fiou.. Il va falloir créer une catégorie pour ces textes quasiment en écriture automatique, je crois. On va partir sur « Rumination », c’est à ça que ça ressemble, allez.
Au final, je ne pense pas avoir trouvé de destination à ce post. Un gros foutoir de pensées autour du fait que beaucoup de gens me lisent et que ça me fait plaisir tout autant que ça m’inquiète, en gros. Et que j’ai des sentiments peu clairs vis-à-vis du nombre qui grandit, de sa signification ou son absence se signification. Par contre je sais exactement à quel point je suis pleine d’amour pour les habitué.e.s, c’est ce sentiment qui domine et c’est tout chaudoudou. Pluie d’amour sur tout le monde, c’est ma tournée !
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