Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Rumination #3 : J’en peux plus des mecs cis, hein.

Temps de lecture estimé : 13 minutes

CW : grosse colère, il va y avoir des jurons.

Voilà, le grand jour est enfin arrivé, il est là, devant vos yeux éblouis : je n’en peux plus des mecs cis. Non, pas le mien, il est génial. Non, pas les potes, ils sont géniaux.

NON MAIS LES AUTRES, QUOI ! LES AUTRES ! Ceux qui ne me suivent même pas sur les réseaux dans 98% des cas environ, MAIS C’EST QUOI LEUR PROBLÈME ? Aaaaah par toutes les saintes, qu’on fasse quelque chose pour les arrêter. C’est plus possible.

*Respire*

J’ai parlé récemment du fait que plus des gens me lisent plus j’attire des relous, et j’avais envie d’insister un peu sur ça. Parce que, encore pire que les gens hautains qui se prennent au sérieux, ce qui me met hors de moi ce sont les mecs cis (toujours) qui répondent à un post, par exemple un peu humoristique, en m’expliquant très sérieusement quelque chose que je n’aurais, d’après eux, pas compris. Exemple pas trop trop vieux : je poste une photo ancienne avec de nombreux défauts dus à l’époque de la prise du cliché, notamment un enfant au visage flou parce qu’il a bougé pendant le long temps d’exposition. D’ailleurs, je l’indique dans l’alt text. C’est écrit. Je le sais, regardez, c’est prouvable votre honneur. Mais j’ai l’outrecuidance d’en plaisanter en disant que ce genre de photo est angoissant (ce qui reste vrai, hein ! Elle dégage une ambiance particulière qui me met mal à l’aise, il n’est pas question de rationalité là dedans). Et forcément, des mecs (cis, je le précise trop rarement alors que d’après ma maigre expérience, la nuance est importante) viennent doctement m’expliquer que le flou est causé par le temps d’exposition. Parce que je suis une FIIILLE et que j’ai l’air stupide avec ma perruque rose de Barbie Stupide (profession : être stupide), il faut donc mecspliquer la vie, nespa. Ce genre de crétin doit recevoir des notifications en direct, je ne me l’explique pas autrement. « Attention, une meuf a dit un truc sur Internet, ceci n’est pas un exercice ! » Bien sûr, il ne prend pas la peine de se demander si sa réponse est pertinente ni de chercher à comprendre le contexte, il vient juste étaler sa science (lamentablement basique dans la plupart des cas) pour expliquer à la pauvre fille ce qu’elle n’a visiblement pas compris. Parce que, le saviez-vous, on ne plaisante pas quand on est une meuf ! Le second degré des femmes est bien trop souvent pris pour un premier degré par les hommes qui sont à la recherche d’une confirmation de leurs préjugés : « ahah, qu’est-ce qu’elle est conne ». Par contre, aucun doute qu’ils vont vite s’en servir quand ils balancent une remarque bien sexiste, ou raciste, ou que sais-je. Ah mais attendez… En fait c’est peut-être ça, le problème. Quand on utilise le second degré comme un cache-sexe pour sa connerie, on pense que les autres font pareil ! Mais oui mais c’est bien sûr !

*long hurlement poussé dans un coussin*

Et après, ça va aller raconter que les femmes n’ont pas d’humour, tsss. Je fais parfois des blagues de caca, alors pardon mais je m’y connais en humour de qualité.

Enfin pffffff… Vous voyez le topos, quoi. En début d’année je me suis dis très sérieusement que j’allais essayer de changer mon image, c’est à dire rester moi mais mettre un peu plus de limites aux gens qui se comportent mal. Je n’en ai pas fait une annonce officielle, je l’ai juste dit à mes proches et j’en ai plaisanté dans une mention. Hé bien je n’ai jamais eu à supporter autant de pénibles que durant ce mois de janvier. Karma, il faut qu’on discute, c’est plus possible entre nous. Vraiment hein, depuis 2 ans que je suis revenue sur le Fedi, je n’avais jamais vu une telle accumulation. Et j’en ai vraiment ras le cul, pour parler clairement. Point positif : ça me force à mettre ma résolution en pratique. Point négatif : lutter me donne parfois des crises d’angoisse terrible, à tel point que je tombe de sommeil une fois le problème vaguement réglé. Mais j’y arrive, et je vais continuer parce qu’il en va de mon estime de moi.

J’en ai marre d’être vue comme une gentille cruche (je sais, être une femme rend les choses un peu compliquées, faut s’accrocher) (et oui, je devrais m’en foutre mais c’est pesant, au bout d’un certain nombre d’occurrences rapprochées). Je n’aime pas me la péter et je déteste les interactions trop sérieuses avec les inconnus, mais il se trouve en fait que je sais des trucs. C’est une grande nouvelle, je sais, vous êtes actuellement estomaqué.es. Alors je suis ravie que ça ne se voit pas, encore une fois j’ai un gros problème avec la condescendance donc j’évite de pratiquer, et je me sens plus à l’aise dans les relations légèrement distantes et pleines de second degré. Mais quand on vient me dire la bouche en cœur « c’est parce que le temps d’exposition de la photo est long et que l’enfant a bougé que c’est flou », j’ai envie de répondre des choses qui ne me ressemblent pas. Pas des insultes, non, mais du mépris (concentré, 100% bio, aoc). Et c’est moche. Alors je ne le fais pas et je prends du recul avant d’ouvrir ma gueule ou de taper une réponse. MOI. AU MOINS.

Il y a eu des memes sur le sujet, des tentatives pour expliquer un point simple : « avant d’expliquer doctement quelque chose à quelqu’un, assurez vous qu’iel en a besoin ». Je suis une petite madame je-sais-tout, et quand je ne sais pas, je sais au moins chercher l’info manquante. Et au PIRE du PIRE, je demande. En fait, j’ai un principe moral, devenu automatique, qui évite de passer pour une conne arrogante : je pars du principe que mon interlocuteurice en sait au moins autant que moi sur le sujet en cours. (Je ne suis pas parfaite non plus, cela dit, même si je prends le maximum de précautions pour éviter d’imposer un conseil ou un avis, ça doit foirer par moment). Si ça n’est pas le cas, je n’ai aucun problème à compléter si on me le demande, mais je lae laisse aussi aller se renseigner de son côté au besoin. Personne n’a besoin de vous voir étaler votre culture (pas aussi grande que ce que vous imaginez, wink wink) sur chaque putain de mur disponible, les gars. On vous déteste, même si on est trop polies pour le dire à un instant T. Je déteste aussi quand je me diminue pour laisser un ascendant inutile à un mec juste pour avoir la paix, mais ça c’est un autre problème. Je me vois faire, je me vois taper les mots, et j’ai envie de me secouer à chaque fois. Insupportable.

Heureusement, mais heureusement que je commence à voir les effets de ce changement de « politique » ! J’ai réussi à recadrer très gentiment quelqu’un qui me proposait d’utiliser des hashtag sur mes posts, comme si je ne le faisais pas en général, quand c’est utile. En fait, j’ai oublié de les ajouter sur ce post parce que ça n’est par ailleurs pas du tout mon usage, je n’utilise jamais jamais mais absolument jamais les hashtags, et au bout d’un moment ça me regarde, arrêtez d’imposer vos usages aux autres au nom de tout ce qui est sacré, genre les crêpes ! C’est ma boutique en fait, si je ne me comporte pas comme une commerciale de merde échappée de linkedIn qui optimise sa communication pour vendre au maximum c’est MOI que ça regarde. Sérieux. Mention aussi à la personne qui est venu me donner DEUX (2) conseils en réponse à un post qui n’en demandait aucun, et pire, qui était assez clair pour que n’importe qui d’un peu concentré comprenne que les 2 conseils étaient à côté de la plaque. Non mais à ce niveau c’est une performance, à quand le mansplaining aux J.O. hein. Trop hâte de voir les épreuves (ces images à cauchemars sont offertes par la maison).

J’aime bien aussi quand on me demande des informations sur un sujet, que je réponds, qu’on se montre suspicieux pour finir sur un magistral « ah, j’ai demandé à d’autres personnes et j’ai eu des réponses ». Réponses identiques à la MIENNE. Je raconte ça en détail en fin de post, parce que vraiment, c’était un grand moment.

Parfois c’est plus insidieux… C’est une petite pique mal dissimulée sous un compliment. Du genre, quand j’ai annoncé que mon compte Insta avait disparu parce que je ne m’en servais pas, donc sans jugement ni injonction particulière par rapport à ça, j’ai pu lire « bravo pour le temps de cerveau disponible en plus ». C’est deux en un, là : d’un côté on insinue que toustes les utilisateurices d’insta sont stupide (nice), et de l’autre que je m’abrutissais dessus (ben oui, genre en ne l’utilisant pas… De toute évidence… Mais si c’est logique, enfin je crois, je… Ho puis zut.) T’es qui en fait, mon prof principal à l’école de la Vie ?

*bruit de vaisselle brisée*

Phénomène étonnant cependant, je crois avoir provoqué une réaction disproportionnée à un de mes « stops » récents. J’ai évoqué dans mon deuxième épisode du livre de cul dont vous êtes l’héroïne le cas d’un monsieur qui est venu me poser des questions gênantes en DM. Bon, ben je vais revenir dessus parce qu’il y a eu une update qui me laisse un peu perplexe. Quand j’ai dis, après son 3ème message où il tournait autour de la question qu’il voulait vraiment poser avec la délicatesse d’un trump qui parle des Zimmigrés, que je voyais très bien où il venait en venir et que je n’étais pas à l’aise avec la tournure de la conversation (quasi verbatim, j’aurais pu être bien plus piquante, j’aurais eu le droit…), je n’ai plus eu de ses nouvelles malgré quelques échanges légers précédents celui-ci. Pendant quelques jours j’ai cru qu’il m’avait bloquée, un classique des hommes vexés, et j’ai fini par réaliser en faisant une recherche sur un de mes messages que je voyais une de ses réponses, mais pas son avatar. Étrange. J’ai donc été vérifier, et son compte n’existait plus. Hm. Seulement quelques jours se sont écoulés entre des deux évènements, alors je crois bien qu’il s’est senti tellement merdeux qu’il a carrément… Dégagé son compte ? Il a cru que j’allais le call-out pour ça, ou… quoi ? Ok c’était beauf et relou, mais bon, faut pas exagérer non plus. Je me dis que pour éviter de se sentir aussi mal, il aurait été sans doute un peu mieux de réfléchir en gardant les mains en dehors du caleçon. Je trouve que c’est une réaction un peu excessive, en tout cas.

Bref.

Objectif : ne plus être un paillasson sans devenir un dragon-à-drama. J’espère réussir à me trouver une place un peu au milieu de ça, même si je sais que je vais perdre des gens, que ça peut ne pas plaire à celleux (surtout ceux) qui ne voient en moi qu’un bisounours un peu idiot. J’ai envie d’y croire, en tout cas. Je peux le faire, j’en suis capable, go.


Explication de l’anecdote promise : Hé oui, il m’est arrivé un truc, mais un TRUC. Je vais m’auto-combustionner à force, hein, il faut arrêter de me pousser comme ça.

Résumé de la situation. Il y a quelque temps j’ai fait un petit post de pub pour notre belle instance. Vous l’avez peut-être vu passer, il a beaucoup tourné et je suis désolée si ça a été relou pour certain.e.s, vraiment ! Je ne pensais pas qu’il voyagerait autant, ce qui me fait évidemment très plaisir et j’espère que personne ne nous en voudra pour ça.

Bref, dans ce post j’évoque quelques difficultés liées à la réputation de Pleroma, qui me semble injuste et surtout obsolète mais bref. Je parle aussi d’une histoire d’annuaire qui refuse de facto les instances Pleroma. J’en parlais pour expliquer pourquoi on avait besoin d’un coup de boost, uniquement, c’était pas central dans le message.

Tout s’est bien passé, les gens sont généralement adorables par ici, sans surprise. Mais un mec (ENCORE UN, PUT-) me demande en MP quel est le problème avec Pleroma.

J’explique ce que je sais sans y voir de malice, il avait juste l’air de demander des informations, donc aucune raison de me formaliser.

Sauf que. Le lendemain, il me répond en me disant que c’est étrange, il n’a jamais entendu parler de ces problèmes, Wikipedia ne mentionne rien (mdr, Wikipedia répertorie tous les dramas ? Wow, ça serait du temps bien utilisé, tiens) et il va demander autour de lui car il aime bien mettre « les pieds dans le plat ». Clairement, il est en train de douter de ce que je lui dis. Et ça commence à m’agacer. Alors je dis qu’il peut effectivement demander si ça lui fait plaisir, qu’il aurait peut-être dû demander en public dès le départ et pas en MP, si il avait voulu plus d’informations, et que la réputation de Pleroma n’est pas de mon fait, que je ne fais que rapporter des faits connus…

J’ai naïvement pensé que c’était terminé.

MAIS NON ! Il revient, en me disant qu’il a demandé autour de lui et qu’il a des réponses encourageantes. Alors je vais voir, déjà un peu excédée, et la première fucking réponse, directement la première que je lis explique exactement les mêmes choses que ce que j’avais déjà répondu.

À ce stade de l’aventure, flemme, hein. Je lui demande clairement où il veut en venir parce que bon, j’ai la furieuse impression qu’il considère que je ne sais pas de quoi je parle juste parce que je suis une meuf, mais quand un homme lui dit la même chose c’est une réponse valable. Bref. Il a répondu encore une fois (blahblah j’avais mal compris, mais mal compris QUOI en fait ? Qui est venu me demander des infos alors que c’était même pas important, à la base ?), moi non, parce que vraiment il m’avait saoulée et que j’en ai marre de devoir parler à des misogynes qui se voient certainement comme des mecs biens.

Comme le dirait Danielle dans l’agneau égorgera le lion, « Le pire, c’était qu’il se voyait sûrement comme quelqu’un d’attentionné. Un mec bien. J’ai souhaité qu’il lui arrive malheur, et vite. »

Je vais me faire tatouer cette phrase, je vous jure.

Vraiment, je suis choquée. Venir me chercher en MP pour me tester, c’était déjà une chose. Mais revenir à la charge comme si j’avais dit une énorme connerie alors qu’il était tout fier de me montrer la même réponse écrite par un autre, c’était trop. Surtout le côté « ah ben j’ai des réponses », mais c’est possible d’être aussi méprisant ? RAH. RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAA. Casser des meubles je vais. Évidement que tu as eu des réponses, Jean-Mi, la prochaine fois assume ta misogynie au grand jour et tu en auras sans doute encore plus. BORD-fffffffff. Tisane, peut-être. Oui allez, tisane.


PS : Ne vous inquiétez pas pour moi, hein. J’avais besoin d’évacuer un trop-plein de ras-le-bol, mais je ne vais pas arrêter d’être une ravie de la crèche du jour au lendemain… Pour ça, il faudrait quelques années de psychanalyse, et je n’ai clairement pas le temps. À bientôt pour le retour de votre programme habituel. Et en attendant, une page de poésie :

Screenshot d'une conversation.
Moi : Je déclare lancée la grande opération "garde ton zgeg dans ta poche".
Un ami : Dans ta poche sans le retirer, Ton zgeg il faudra garder, Car si d'aventure il dépassoit, Il se peut que je le coupois.
Moi : Je retire tout ce que j'ai pu dire sur la poésie !



3 réponses à “Rumination #3 : J’en peux plus des mecs cis, hein.”

  1. @Loutre En lisant ça, je me suis dit "Tiens, le commentaire qui parle de temps cerveau, c'est quelque chose que j'aurai pu dire… Oh wait ?! 😳 "
    J'ai pas retrouvé le message original, mais je suis convaincu que ça vient de moi, et je m'en excuse.
    Dans ma tête, le "temps cerveau", c'est une mesure de ce qui capte mon attention. Je ne l'ai pas pensé de façon péjorative, juste comme une façon d'allouer son temps d'un sujet à un autre. Mais j'aurai du allouer du temps à mes capacités de communication, clairement.
    Bref, tout ça pour m'excuser de ce commentaire mal venu, je tâcherai de faire plus attention à l'avenir.

    1. Ho non non, c’est pas toi du tout ! Ne t’inquiètes pas, je n’ai jamais eu cette impression venant de toi, ce sont vraiment des personnes avec qui je n’échange pas, qui débarquent comme des fleurs pour dire n’importe quoi. Vraiment, c’est pas ton cas ! 💜

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