Gravure ancienne montrant l'entrée d'un terrier.

Dans la catiche

La face mal cachée de la Loutre


Une journée de Mademoiselle de Pompondou

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Il est 14h. Gani, cachée dans le lit, s’étire tranquillement en me plantant les griffes dans les fesses. C’est son signal, ça veut dire « soulève les draps que j’extirpe céant mon royal fluffon de cet enchevêtrement textile ». Alors je soulève les draps, et elle sort tranquillement en s’étirant et en baillant longuement. Je la pousse un peu au cul pour pouvoir replacer les draps.

Elle se lève, descend du lit en faisant le « toudoum » caractéristique. J’appelle ce mouvement « la descente Netflix ». Toujours en deux temps. Toujours le même « toudoum ».

Il est l’heure d’aller faire un petit pipi ! Alors hop, elle passe par la caisse. Comme toujours, elle en sort en bondissant hardiment, puis miaule dans la maison jusqu’à ce que je dise « bravo mon chat ! ». Une habitude héritée de son enfance, quand elle a eu du mal à comprendre le changement de litière à son arrivée à notre foyer, et où il y a eu des petits accidents. Je l’encourageais à chaque passage, et depuis elle miaule en attendant mes félicitation. Treize ans que ça dure, ce cinéma !

Il faut maintenant prendre quelques croquettes et un peu d’eau pour affronter la journée ! Normalement, à ce moment je me suis levée, et installée au bureau où je prends mon petit dej. Du moins, j’essaie de le prendre. Car Gani me miaule dessus jusqu’à ce que je la porte pour l’installer sur moi. Il m’est totalement interdit de manger tant qu’elle n’a pas eu sa première séance de grattouilles du jour ! Il faut donc gratter le chat d’une main, et se débrouiller pour manger de l’autre. Pratique.

Heureusement, ça ne dure pas longtemps : elle descend bien vite, direction son spot devant la baie vitrée. Il y a trop d’oiseaux à observer, vous n’en avez pas idée ! Parfois même, un chat étranger. C’est intolérable, mais la Sainte Vitre protège des intrusion. Bénie soit-elle.

Toute cette attention est trop épuisante. C’est l’heure d’un profond dodo, entrecoupé de quelques pauses ravitaillement, pipi ou câlins. Ou les trois, alternativement.

Mais quelle est cette sensation soudaine ? Ho ho, il est 18h moins 1h30, il faut commencer à se faire remarquer. Subtilement, pendant la première heure. Moins subtilement, à l’aide d’un regard très appuyé, la dernière demi-heure. Et comme les humains ratent toujours l’heure, il faut maintenant rouler entre les bureaux pour que quelqu’un, par pitié, comprenne le drame qui se joue ici !

Je me lève donc, pleine de culpabilité, pour lui donner sa petite boite. Une opération accompagnée de multiples modulations sonores, toutes à un volume relativement élevé.

Après avoir mangé, c’est l’heure du popo. Là encore, accompagné de miaou nécessitant une intervention encourageante. Et comme on est encore en train de manger, il est temps pour le pompon d’aller fureter dans la cuisine. Ho, pas pour avoir des miettes (bien que certaines soient tentantes), mais simplement pour être là. Parfois, il faut lui tirer une chaise, ce qui la satisfait. Elle aime être à notre niveau pour regarder ce qu’il se passe sur la table.

Le repas terminé, c’est l’heure de jouer ! Les miaou d’appel sont différents. Une fusée poilue court partout, monte l’escalier, redescend, court au fond de la maison pour y faire des vocalises déchirantes, puis la voilà de retour. Pour le jeu de loin, il faut sortir le laser. Mais de près c’est nul, on préfère une canne à pêche ! Carrément mieux.

Tout ce jeu la laisse exténuée, il faut maintenant refaire un petit câlin jusqu’à s’endormir sur moi. C’est en général là que j’arrive à avancer mon fauteuil jusqu’à la glisser sous le bureau sans la réveiller, et elle reste installée sur moi pendant plusieurs heures si je ne bouge pas.

En cas de soirée télé, le chéri se pose sur un fauteuil. C’est le signal ! Qu’elle dorme ou non, elle SAIT, et elle va directement lui sauter dessus pour avoir un autre câlin. Je suis donc abandonnée, mais il faut partager les bienfaits du fluffy.

Lorsque commence la longue nuit et que le chéri est couché, c’est l’heure du Carton du Sommeil. Le Carton du Sommeil est le carton parfait, à la bonne taille, la bonne profondeur, la bonne forme, le bon rembourrage cartonné. Et là, c’est parti pour plusieurs heures… Avec des pauses, nombreuses, pour des câlins. Câlin, dodo, câlin, dodo, dodo, croquettes câlin dodo, pipi, câlin, dodo. Les options sont multiples.

Mais survient l’heure du dodo ! L’autre, le mien. Inutile de penser à rater l’heure sous peine de me faire rappeler à l’ordre par des miaou très précis ! Elle m’accompagne donc pendant que je passe à la salle de bain pour les débarbouillages du soir, assise sur le bord du lavabo comme pour me dire « tu es passée trop vite sur la molaire, là, recommence ». Et enfin, elle m’accompagne au lit. Mais pas pour rester, car c’est un petit être de paradoxes. Elle m’accompagne pour me border, et repart croquetter et toutes ces autres choses importantes qu’elle doit faire avant d’aller dormir ailleurs. A l’étage, dans le carton, sur un pouf, ça dépend des phases. Mais survient toujours ce moment terrible où elle se réveille seule.

C’est le moment des miaou les plus déchirants, qui me réveillent si je suis endormie, et nécessitent de l’appeler. Les miaou qui disent « J’ai perdu maman, où est mamaaaaan ? ». Terrible. Elle arrive alors dans la chambre, avec un ultime « miaou ? » interrogatif, et saute sur le lit où elle se cale contre moi, en mode « petite cuillère ». Après un certain temps, elle s’en va pour dormir entre le chéri et moi, au pied du lit. Et quand il se lève pour travailler, elle remonte me réveiller pour se glisser au fond du lit.

Et la journée peut recommencer, chaque étape ponctuée de sa conversation brou-broutante, parce qu’elle ne sait vraiment pas se taire plus de 10 minutes. Comment lui en vouloir, elle prend exemple sur nous…

Je l’aime tant.

Le Carton du Sommeil est tellement parfait qu’on refuse de le quitter pour jouer.


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